Bach
Glaive
Jésus-Christ, pour le bien du genre humain, est venu apporter le glaive ; l'église de Dieu, qui est fort sujette à se fâcher, possède dans son arsenal deux glaives, l'un est le glaive spirituel , qui vous expédie les âmes ; l'autre est le glaive temporel , qui vous expédie les corps ; c'est le moyen de mettre les gens à la raison. Au défaut de ces deux glaives, l'église est encore en possession d'un petit coutelet, mais elle le cache avec soin de peur qu'on ne le lui prenne ; elle ne s'en sert jamais que dans les grandes occasions. Voyez Régicide.
Gloire de Dieu
Nous ne pouvons douter que Dieu ne soit fier comme un écossais ; ses ministres nous le disent à chaque instant ; c'est pour la plus grande gloire de Dieu qu'ils culbutent l'univers ; ce qui est très légitime, vu que Dieu n'a créé l'univers que pour sa gloire, qui se confond toujours avec celle de ses prêtres.
Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli (1445-1510) ; Madone
Grâce
Don gratuit, que Dieu donne à qui bon lui semble, en se réservant, comme de raison, le droit de punir tous ceux à qui il n'a point voulu la donner. Il n'est point encore bien décidé si pour produire son effet la grâce doit être efficace ou suffisante ; il faut attendre que Dieu nous donne sa grâce pour savoir à quoi nous en tenir sur la nature de sa grâce.
Grandeurs
L'église de Dieu méprise les grandeurs de ce monde ; ses ministres n'en sont aucunement curieux ; les évêques ont une aversion marquée pour les titres, les cordons-bleus, les équipages etc. Ils sont surtout très offensés quand on leur donne le titre de grandeur.
Saignées salutaires et copieuses que les médecins de nos âmes ordonnent aux corps des nations, que Dieu veut favoriser d'une doctrine bien pure. Ces saignées ont été fréquentes depuis la fondation de l'église ; elles sont devenus très nécessaires pour empêcher les chrétiens de crever de la plénitude des grâces que le ciel répand sur eux.
Sentiment louable et nécessaire à tout bon chrétien, quand ses prêtres jugent à propos de l'exciter pour la cause de Dieu, dont les intérêts leur sont connus, vu qu'ils y sont communément pour quelque chose ; ainsi, sur leur parole et sans blesser la charité, un dévot peut haïr en conscience quiconque déplait à son cher confesseur.
Hérésies
Elles sont nécessaires à l'église pour exercer les talents et dérouiller les rapières de nos gladiateurs sacrés. Toute opinion contraire à celle des théologiens en qui nous avons confiance, ou qui ont assez de crédit pour prévaloir la leur, est visiblement une hérésie. D'où l'on voit que les hérétiques sont toujours ceux d'entre les théologiens qui n'ont point assez de bataillons pour se rendre orthodoxes.
Ce sont tous ceux qui ne pensent pas comme les orthodoxes ; ou qui n'ont pas la force de se rendre orthodoxes.
Hiérarchie
C'est l'ordre des rangs divers qu'occupent les ministres de Jésus-Christ dans la maison de son père, où il a dit lui-même qu'il n'y aurait ni premiers ni derniers. Mais la femme de Jésus-Christ qui s'entend bien mieux que lui en affaires, en a décidé tout autrement. Il y a maintenant dans la famille divine autant de distance d'un évêque à un curé, que du bon dieu à saint Crépin, qui n'était qu'un cordonnier de Soissons.
Étude très nécessaire aux gens d'église, mais très nuisible aux laïques, qui pourraient bien ne pas avoir toujours une foi assez robuste pour n'être point scandalisés des pieux déportemens des ministres du seigneur.
Holocaustes
Victimes rôties ou brûlées en sacrifice. La divinité eut de tout temps un goût marqué pour la chair grillée, vu que ses prêtres en tiraient bon parti ; depuis le christianisme ses prêtres plus désintéressés lui font bien griller des victimes, mais ils s'abstiennent de les manger, leur cuisine est assez bien pourvue sans cela.
L'homme ordinaire se définit un animal composé de chair et d'os, qui marche à deux pattes, qui sent, qui pense, qui raisonne : selon l'évangile et Jean Jacques, l'homme ne doit ni sentir, ni penser, ni raisonner ; il devrait même, pour bien faire, marcher à quatre pattes, afin que ses prêtres puissent avec plus de facilité lui monter sur le dos. Le vieil homme, c'est l'homme dans son état naturel, c'est-à-dire, corrompu, assez dépravé pour aimer son bien être, et assez faible pour le chercher. Le fils de Dieu a fait de son mieux pour anéantir le vieil homme, mais ainsi que ses prêtres il y a perdu jusqu'ici son latin, il faudra voir si par la suite ils s'en tireront à leur honneur.
Honnête homme
Il est impossible de l'être si l'on n'est intimement convaincu que l'église est infaillible, que ses prêtres ne peuvent ni mentir ni avoir la berlue ; il est évident qu'un homme qui ne craint pas d'être damné dans l'autre monde ne sentira jamais qu'il faut être estimable en celui-ci, et ne craindra point les châtiments ou les mépris de la société.
Fondations pieuses en faveur des pauvres, c'est-à-dire de ceux qui administrent leurs biens. Dieu récompense communément dès cette vie les soins charitables qu'ils accordent aux pauvres, il n'est guère d'administrateur qui ne fasse très bonne chère, et qui ne se trouve très bien à l'hôpital.
Humanité
Vertu de la morale profane, qu'il est nécessaire d'étouffer quand on veut être bon chrétien ; elle ne s'accorde presque jamais avec les intérêts de la divinité, dont, avec de l'humanité, les prêtres feraient trop maigre chère. D'ailleurs ils sont si occupés des intérêts du ciel qu'ils n'ont guères le temps de songer à ceux du genre humain. Si les prêtres n'ont point d'humanité en revanche ils nous font faire de bonnes humanités, qui consistent à nous apprendre un peu de mauvais latin et beaucoup de catéchisme. v Éducation, Universités.
Vertu chrétienne qui prépare à la foi ; elle est surtout très utile aux ministres de l'évangile, aux lumières desquels il est très important de déférer par préférence aux siennes. Elle consiste à se mépriser soi-même et à craindre l'estime des autres ; on sent combien cette vertu est propre à former des grands hommes. Dans l'église de Dieu tout respire l'humilité. Les évêques sont humbles, les jésuites sont humbles ; un cardinal ne s'estime pas plus qu'un gardien des capucins ; le pape se met humblement au dessus de tous les rois, et les rois sont fort humbles envers le suisse du paradis.
Hypocrisie
Moyen facile de parvenir en mettant le clergé dans ses intérêts. Les hypocrites sont d'un grand secours à la cause de Dieu ; ils la défendent communément avec bien plus de zêle que les dévots sincères qui sont souvent trop simples. Cet article est de M le marquis De Pompignan.
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