samedi 11 juillet 2009

Conte d'été ... (3)






... Apparurent les trois envoyés du khalife, accompagnés de vingt serviteurs à la livrée élégante et splendide. Eux-mêmes portaient des sabres retenus par des baudriers d'or. Ils saluèrent de la manière la plus déférente Soleil-du-Jour, qui leur rendit leur salut, souriante et pleine d'égards. Elle s'adressa à Masrour :

- Quelles nouvelles ?

Masrour répondit :

L'Émir des Croyants t'envoie son salut, regrettant de ne pas t'avoir auprès de lui, et demande si tu es en bonne santé. Il t'informe que ce jour a été marqué pour lui par une grande joie et qu'il aimerait l'achever par une conclusion heureuse, cette nuit même, chez toi, en ayant le plaisir de te voir. Prépare-toi donc à recevoir sa visite et commence à orner ton palais de la manière qui convient.

Soleil-du-Jour baisa la terre par respect pour le khalife et s'écria :

- Oreille attentive et bon vouloir pour les ordres de Dieu et de l'Émir des Croyants !

Elle envoya aussitôt une servante pour ramener les intendantes, auxquelles elle distribua des ordres : avec leurs équipes, elles se dispersèrent dans toute la demeure, maison et jardin, de manière à bien prouver aux messagers que la demande dont ils étaient porteurs avait été enregistrée et recevait une prompte exécution. Au reste, la résidence comportait tout ce qu'il fallait pour pourvoir à des cas de ce genre, jusqu'aux grandes tentures et aux tapis d'apparat.

Retirez-vous sous la protection de Dieu et avec son secours, dit Soleil-du-Jour aux messagers du khalife. Rapportez à l'Émir des Croyants ce que vous avez vu de nos préparatifs, afin qu'il patiente un peu avant de venir, le temps pour nous de disposer les tapis, les coussins, les tentures dans le salon de réception et d'arranger le tout avec goût.



Eugène Delacroix (1798-1863) ; la porte verte, 1832



Les émissaires prirent donc congé et Soleil-du-Jour rejoignit les deux hommes, celui pour lequel elle nourrissait une passion et le parfumeur : ils se blottissaient comme l'oiseau qui a peur. Versant des larmes brûlantes, elle enlaça avec frénésie son bien-aimé.

- Dame mienne, s'écria alors le prince, cette séparation engendrera ma ruine totale, que dis-je, ma mort ! Puisse le Seigneur mien me donner la patience nécessaire pour attendre la prochaine occasion de te voir, ou alors permettre que le terme de ma vie succède rapidement au moment où je t'aurai quittée.

- Pour toi, répliqua-t-elle, tu vas quitter ces lieux, et de nous deux, tu seras le seul indemne : ta réputation n'aura subi aucun dommage, tu as placé ton amour dans une forteresse inexpugnable, et ce trésor inaccessible, tu n'as point à craindre d'ennemi pour tenter de te le ravir. Mais pense à moi : songe aux épreuves et aux maux que me réserve le destin ! Le khalife se conduit d'ordinaire avec moi de telle sorte qu'il me sera impossible de me donner tout entière à l'amour immense que je ressens pour toi et que je n'aurai pas un seul instant pour pleurer sur notre séparation. Quels poèmes lui dire, quels sentiments éprouver en mon cœur devant lui, quels soins prendre de lui, avec quelle énergie le servir, sur quel bon génie m'appuyer pour répondre aux gens d'esprit de sa cour, où puiser l'intelligence nécessaire à le convaincre plus sûrement que ses rusés conseillers ? ...


Eugène Delacroix (1798-1863) ; intérieur arabe, 1832


Abou'l-Hasane le parfumeur prit alors la parole :

- Je t'en supplie, dit-il à la dame, arme-toi de toute la patience et de toute la fermeté dont tu es capable, et Dieu, dans Sa libéralité, te réunira de nouveau avec ton bien-aimé.

Il en était à ces recommandations quand arriva soudain une servante qui donna cette nouvelle :

Ô maîtresse, voilà que les serviteurs du khalife sont déjà là et toi, que fais-tu encore dans l'attente, sans bouger ?

- Malheur à toi ! Fais monter sans plus tarder les deux invités dans la pièce à lucarne qui donne sur le jardin, lui ordonna Soleil-du-Jour. Ils y resteront jusqu'à la nuit épaisse. Alors tu me feras la grâce de prendre soin de leur départ : tu les feras sortir du palais, et tu les conduiras, avec tous les égards dus à leurs personnes, dans le lieu où ils demeurent habituellement.

- Oreille attentive et bon vouloir ! acquiesça la servante.

Soleil-du-Jour embrassa donc son bien-aimé Ali fils de Bakkâr, auquel elle fit ses adieux en pleurant, puis elle sortit du salon, ayant à peine la force de marcher. Les deux hommes suivirent la servante et gagnèrent la pièce à la lucarne : c'était une pièce qui donnait d'un côté sur le jardin, de l'autre directement sur le Tigre, et qui était ornée de nombreuses plantes verdoyantes en caisses. On referma la porte sur eux. Puis ce fut la nuit, qui les surprit dans la même interrogation : c'était là la demeure du khalife, et quel sort pourrait-il bien leur réserver s'il venait à découvrir leur présence ? Ils se demandaient d'où viendrait alors leur salut.



Eugène Delacroix (1798-1863) ; baies dans un intérieur mauresque, 1832



Ils regardèrent dans le jardin : plus de cent serviteurs s'y étaient répandus, aussi élégamment vêtus que de jeunes mariés et portant, sur leurs costumes aux couleurs variées, des sabres retenus par des baudriers d'or. De jeunes garçons, cent au bas mot également, tenaient chacun à la main un cierge piqué de grains de camphre1. Hâroun al-Rachîd, entre Masrour et Wasîf, avançait majestueusement, ivre de joie, satisfait de ce qui s'offrait à sa vue. Vingt servantes le suivaient, resplendissantes comme des soleils, revêtues de robes les plus magnifiques qui soient, avec des pierres précieuses qui étincelaient à leurs colliers comme à leurs diadèmes. Elles étaient occupées à pincer les cordes de leurs instruments et vers elles, au milieu des arbres, de ces plantes odoriférantes et de ces fleurs qui ornaient le jardin, s'avançait un cortège de vingt servantes parmi lesquelles marchait Soleil-du-Jour.

Arrivée à hauteur du khalife, celle-ci baisa la terre.
Lui, la salua en ces termes :

Que soit la bienvenue celle qui représente le paradis de l'existence, la joie du cœur, la source de la jubilation et du bonheur ! Qu'elle reçoive un chaleureux accueil !

Le khalife s'appuya sur le bras droit de la femme et marcha ainsi, guidé par elle, jusqu'au lit de repos en argent. Il s'y étendit et la fit asseoir près de lui. Les autres sièges de même nature que l'on mettait d'ordinaire au bord des bassins furent rapportés. Le souverain dit à son cortège de servantes de s'y installer, et chacune d'elles prit sa place selon son rang.


Eugène Delacroix (1798-1863) ; deux études d'aoud arabe [luth arabe], 1832



Soleil-du-Jour se leva et s'assit sur un siège à part, en face du khalife. Lui, se mit à contempler un long moment le jardin, puis fit ouvrir les fenêtres du salon à coupole. Tant de cierges avaient été rassemblés autour de l'Émir des Croyants, aussi bien à sa droite qu'à sa gauche ou devant lui, que la nuit s'était transformée en jour et les ténèbres environnantes en crépuscule. Ce fut alors le moment pour les serviteurs de passer les gobelets et autres récipients requis pour la boisson.

Abou'l-Hasane fils de Tâhir, le parfumeur, du haut de sa lucarne, put contempler un spectacle si merveilleux que jamais son esprit n'en avait pu concevoir l'idée, même imparfaite : cette profusion de pierres précieuses ! Non, jamais n'avait été offerte à ses yeux la satisfaction d'en voir autant et de si diverses à la fois. Était-ce un rêve, et où était-il, se demandait le parfumeur, dont le cœur palpitait.

Ali, qui de son côté restait étendu dans la pièce, incapable de faire un geste, tellement son trouble était grand, ne jetait sur le spectacle qui intéressait tant son ami qu'un regard distrait et était loin de partager les pensées qui occupaient son esprit.



Fort rouge d'Agra (Inde)



- Regarde ce roi, disait le premier.

- Sa vue me rappelle notre malheur, répondait le second.

Et il continua :

- Me voilà désormais dans le groupe des condamnés à une mort prochaine. Il ne peut en être autrement. Il n'est pas besoin de chercher trop de causes à cela : l'amour passionné s'est emparé de moi, et gouverne en mon cœur, en tyran capricieux. Je ressens l'amertume de la séparation après la rencontre, je ressens la peur, mes forces s'affaiblissent et ma présence ici me paraît un péril, je ne vois pas le moyen de me délivrer ! Ah ! que m'assiste le secours de Dieu contre l'affliction de mon âme, contre les coups du sort, contre les entreprises enfin de mes ennemis qui fomentent ma perte !

Le seul recours est la patience, dit Abou'l-Hasane ; Dieu alors fera paraître le salut.

Puis il se remit à observer par la lucarne ce qui se passait dans le jardin. Lorsque tout fut prêt pour le service des convives, Hâroun al-Rachid, se tournant vers l'une des servantes de son cortège, lui donna cet ordre :

- Allons, donne-nous quelque chose, ô Désir !



Détail du mausolée de Sélim Chishti ; Fathepur Sikri, Inde



Ladite Désir, s'accompagnant du luth, chanta des couplets :

Si la prairie avait reçu autant de rosée
que les flots de larmes
versés sur mes joues,
elle serait devenue un jardin verdoyant.

Ces joues, elles auraient signifié
que le printemps fleuri est là,
si fleurir était en leur pouvoir,
quand elles sont par les larmes arrosées.


Je ne verse plus que des larmes
de sang, celles que m'a laissées
mon âme, en me disant adieu
au moment de me quitter.

J'ai dit: «Pourquoi ne trouverai-je
le repos que dans la mort ? »
Lorsqu'elle vint, j'ai crié :
« Sois la bienvenue, je suis à toi ! »


Les deux compagnons jetèrent alors leurs regards sur Soleil-du-Jour : elle manifestait un grand trouble. Soudain, on la vit qui s'inclinait sur le bord de son siège, et elle tomba sur le sol. Les servantes se précipitèrent à son secours et elle fut transportée à l'intérieur de la maison. Abou'l-Hasane suivit attentivement la scène, mais en se retournant vers son compagnon, le bien-aimé de Soleil-du-Jour, il le vit étendu, immobile, la face contre terre, sans connaissance.

- Le destin, murmura-t-il, a octroyé à tous deux la même faveur : il a rendu entre eux un jugement équitable.

Puis une peur intense, un grand effroi le saisirent. Au même moment entra la servante qui les avait cachés, lui et son compagnon.

- Tenez-vous prêts, dit-elle, car le monde s'est rétréci aux yeux de tous. Je crains que cette nuit ne voie notre perte.



Coucher de soleil sur Baghdad



- Qui donc pourrait transporter cet homme dans l'état où il est ? fit remarquer le parfumeur. Vois : il est évanoui.

La servante s'en alla chercher de l'eau de rose additionnée de musc. Elle en aspergea le jeune homme, lui baigna le visage, lui frictionna les mains, si bien qu'il reprit connaissance.

- Reviens à toi, au nom de Dieu, lui disait son ami pendant qu'elle s'activait, reviens à toi avant de provoquer ta perte et la nôtre.

Aidé de la femme, il soutint le jeune homme et tous deux lui firent quitter la pièce à la lucarne. Par une porte en fer que la jeune fille avait ouverte devant eux, ils sortirent du palais et se retrouvèrent sur une jetée étroite lancée sur le Tigre. La fille frappa légèrement dans ses mains, un petit esquif s'approcha, qui n'avait à bord qu'un rameur, et vint se coller à la jetée. Les deux hommes embarquèrent, mais Ali fils de Bakkâr tendit sa main droite en direction de la grande salle et du palais, mit la gauche sur son cœur et d'une voix faible, récita ce poème :

Au moment de prendre congé de l'aimée,
j'ai donné la main d'un être affaibli
et l'autre, je la tenais sur mon cœur
qu'un incendie embrasait.

Je vous en supplie, que ce ne soit pas là
notre dernière entrevue ! et pour ma route
que ce ne soient point les provisions
ultimes que vous m'ayez données !



Coucher de soleil sur Baghdad



Le batelier manœuvra ses rames et l'embarcation appareilla, avec à bord les deux hommes et la jeune femme. Sur la rive opposée2, tous ayant débarqué, la servante prit congé des compagnons et s'excusa :

- Il m'est impossible d'aller plus loin avec vous.

Le parfumeur resta donc seul avec Ali étendu près de lui à même le sol, incapable de se relever.

Maître, l'encourageait Abou'l-Hasane, si nous restons ici, nous courons le danger de perdre la vie, car nous offrons une cible magnifique à la convoitise des pêcheurs.

Il ne lui épargna ni les reproches ni la critique. Au bout d'une heure enfin, Ali put se lever pour l'accompagner, mais il avait beaucoup de mal à marcher. Le parfumeur avait des amis, de ce côté-ci de la ville : il se mit donc en route pour la maison de celui qui lui paraissait le plus sûr d'entre eux, un homme avec qui il entretenait une relation franche et suivie, et qui vint lui ouvrir lui-même quand nos deux amis furent arrivés. La vue du parfumeur lui fit un plaisir extrême, et sans tarder, il l'introduisit chez lui avec son compagnon.





Dès que les deux hommes se furent un peu reposés, il demanda au parfumeur :

- Que faisais-tu donc dans mon quartier, ô mon maître, pour passer me voir si tard ?

Abou'l-Hasane répondit :

- C'est à cause de quelqu'un qui me devait de l'argent : on m'a dit qu'il se préparait à quitter le pays sans honorer sa dette, ni envers moi, ni envers quelques autres. J'ai décidé d'aller le trouver en pleine nuit pour mieux le surprendre, et par précaution supplémentaire, j'ai demandé à mon maître que voici (il désignait le jeune homme, Ali fils de Bakkâr) de venir avec moi, de telle sorte que si mon débiteur me voyait de loin, il ne s'imaginât pas les raisons véritables de ma venue dans les parages, sans quoi il se serait caché en m'apercevant tout seul. J'ai tout fait pour le rencontrer, mais je n'ai pas pu ; je n'ai même pas obtenu de ses nouvelles en interrogeant ses relations. J'étais donc bredouille et, pour comble, ce jeune homme s'est trouvé mal. En voyant comme il avait de la peine à marcher, j'ai compati et je me suis demandé où nous pourrions bien aller, quand j'ai pensé à ta maison, où nous ne manquerions pas de nous reposer un peu et de reprendre notre souffle.

L'homme en effet traita ses hôtes avec les plus grands égards et s'appliqua scrupuleusement à les servir. Il les garda pour le reste de la nuit ; de grand matin, les deux hommes sortirent pour gagner la berge et, une barque ayant passé près d'eux, ils la prirent pour traverser. Une fois sur la rive opposée, Abou'l-Hasane ayant juré qu'il ne laisserait pas aller son ami Ali sans l'avoir reçu ne fût-ce qu'un moment chez lui, ils se dirigèrent vers la maison du parfumeur3.



Tombe du sultan Iletmish ; mosquée Qouat ul-Islam, Delhi, Inde



A peine entré, le jeune homme s'affala sans force sur un divan, accablé sous le poids conjugué de la passion, de la fatigue et du désespoir. Son ami jugea qu'il lui fallait lui aussi s'étendre, et ils prirent ainsi quelque repos.

Une fois relevé, le maître de maison s'empressa de donner des ordres pour faire installer meubles et tapis, comme pour une fête.

- Je dois distraire ce garçon, se disait-il, il faut qu'il se détende. Je vois bien dans quel état l'a mis la séparation d'avec une maîtresse aimée passionnément : quels tourments il a subis au long de cette aventure !

Il remercia Dieu d'avoir échappé au péril et réserva une somme précise, en proportion avec sa fortune, pour la distribuer en aumônes. C'est alors qu'Ali fils de Bakkâr, se réveillant de sa torpeur, s'assit sur son lit. Abou'l-Hasane le stimula :

- Reprends tes esprits, et lève-toi : nous allons chercher quelque chose à faire qui te changera un peu les idées.

- A ta guise, répondit Ali, je suis décidé à ne rien te refuser.

Le parfumeur fit venir les jeunes esclaves ainsi que les compagnons du prince persan et, pour parfaire le tout, convia une chanteuse. La journée se passa en festivités. Puis vint le soir : le parfumeur alluma des cierges, et chacun trouva ces heures agréables. A un moment, la musicienne, s'accompagnant du luth, chanta :

Le Temps m'a décoché une flèche
qui n'a pas dévié de son but ;
ma patience a disparu
et j'ai quitté tous mes proches.

Dès que le Temps eut fait un pacte
avec moi, j'ai vu cette patience décliner,
et pourtant, pas un instant je n'avais cessé
de calculer avec soin les risques.




Céramique d'Iznik, Turquie ; XVIe - XVIIe siècle



En entendant ces vers, Ali fils de Bakkâr s'évanouit et demeura sans connaissance jusqu'au lever du jour. Le parfumeur commençait à désespérer de l'état de son hôte quand celui-ci, reprenant soudain ses sens, demanda à rentrer chez lui. Abou'l-Hasane craignait trop une aggravation irréversible de son état pour refuser. Les gens du prince lui amenèrent sa mule. Il put la monter et il se dirigea vers sa maison, accompagné d'Abou'l-Hasane. Lorsqu'il vit son ami installé chez lui et revenu à la tranquillité, le parfumeur remercia le Dieu Très-Haut - que Son nom soit exalté !- et se mit à consoler l'amoureux. Mais l'autre n'avait plus aucune force qui lui permît seulement d'entendre ce qu'on lui disait, à plus forte raison d'en faire son profit : du coup, le parfumeur vit qu'il ne lui restait plus qu'à prendre congé ; il ajouta malgré tout :

- Efforce-toi de supporter avec patience les épreuves qui te sont infligées.

- Je m'en remets à Dieu, répondit Ali fils de Bakkâr. Ce que j'endure, peu sont capables de l'endurer. Mais, ô mon frère, peut-être arrivera-t-il jusqu'à toi quelque nouvelle de ma bien-aimée. J'ai reçu d'elle trop et trop peu à la fois : il faut absolument que je cherche à la revoir.

- Sa servante viendra nous trouver, il n'en faut pas douter, après ce qui s'est passé, le rassura le parfumeur. Et alors, elle nous tiendra au courant de tout.


Les Mille et Une Nuits ; L'amour interdit ; Texte établi sur les manuscrits originaux par René R. Khawam


Louis Hotto (1834-1905) ; la vendeuse de poteries




1. On comptait à la cour du khalife al-Mouqtadir de véritables armées de serviteurs : 7 000 domestiques, dont 3 000 Noirs et quelque 4 000 pages. Au cours du règne suivant, les intégristes réagiront violemment contre ce faste, arrêtant et fustigeant les chanteuses, envahissant les palais pour répandre à terre le vin et briser les instruments de musique.

2. En face d'al-Khould, sur l'autre rive du Tigre se dressent les anciennes dépendances du palais d'al-Mahdî (775-785). Tout fut ruiné lors du siège de Baghdad par les troupes de l'antikhalife al-Mou'tazz, en 865. Elles sont donc presque désertes à l'époque où se déroule cette histoire.

3. Abou'l-Hassane habite sur la rive droite du Tigre ; du même côté que le palais d'al-Khould. C'est là que l'on trouve d'ailleurs, dans le quartier d'al-Karkh, les marchands de parfums et d'aromates. La population y est favorable à l'influence persane, représentée au gouvernement par des émirs opposés au parti intégriste. Le prince persan Ali, fils de Bakkâr, s'y est établi tout naturellement à son arrivée à Baghdad. Le Karkh sera fréquemment pillé, saccagé, incendié par les groupes d'action du parti intégriste. Jusque-là, on pouvait y converser avec des femmes, y inviter des chanteuses et y boire sans risque d'être dérangé.
[NdT ...]


(À suivre ...)

1 commentaire:

Elbereth a dit…

Monseigneur,

Pardonnez moa mon inconstance... Je pense à vous bien souvent, même si cela ne voit pas, même si je ne vous le dis pas.
Votre forêt est bien garnie, mais votre conte d'été m'attire, je reviendrais donc, comme il m'arrive trop souvent de vous l'écrire.

En vous souhaitant tout le meilleur des violettes, permettez moa de vous embrasser, méthode carrément cavalière, j'assume, sur votre front d'ogre.