mardi 13 janvier 2009

Voyage circumterrestre ... (suite ...)


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James Cook ; Huile sur toile de William Hodges, 1775-1776


Description de Tahiti


Ces îles produisent du fruit à pain, des noix de coco, des bananes, des planes, un fruit qui ressemble à la pomme, des patates douces, des ignames, un fruit que l'on appelle eag melloa, et qui est considéré comme délicieux, de la canne à sucre que les habitants mangent crue, une racine de l'espèce du salep que les insulaires appellent piha ; la racine d'une autre plante appelée ether, un fruit contenu dans une gousse comme une fève, que l'on mange rôti comme les châtaignes et que l'on appelle ahi, le fruit d'un arbre qu'ils appellent ouharra, qui ressemble à une pomme de pin, celui d'un arbre appelé nano, les racines d'une espèce de fougère, et celles d'une plante appelée faïve. La terre produit presque spontanément, ou avec très peu de travail, tous ces fruits ou plantes. En ce qui concerne la nourriture, on peut presque dire que ces peuples échappent à la malédiction encourue par nos pères, et ce qu'on ne peut au contraire pas dire, c'est qu'ils gagnent leur pain à la sueur de leur front. La bienveillante nature les a pourvus à profusion non seulement du nécessaire, mais du superflu. Sur les côtes, la mer leur fournit de nombreuses variétés des meilleures qualités de poissons, mais on ne les pêche pas sans un peu de pein et de persévérance. Ils considèrent le poisson comme un grand luxe, ils le mangent cru ou cuit et en paraissent également friands d'une manière comme de l'autre. Ils mangent et apprécient non seulement le poisson, mais à peu près tout ce qui vient de la mer ; les coquillages, les crabes, d'autres bestioles de mer, et ce qu'on appelle communément des méduses, sert à leur subsistance.



Réplique de l'Endeavour, en mer


Comme animaux domestiques, ils ont des cochons, des poulets et des chiens, auxquels ils nous firent prendre goût, si bien que la plupart d'entre nous placent cette viande au premier rang après les agneaux d'Angleterre. Nos chiens ne pourraient probablement pas rivaliser avec les leurs, qui sont certainement au moins deux fois meilleurs, avantage qui est dû sans doute à leur nourriture exclusivement végétale. On ne peut faire grand cas de leurs volailles, mais leur porc est de la meilleur qualité. Il n'y a dans ces îles aucune espèce de bêtes de proie, le gibier à plumes est rare et se réduit à quelques variétés. Il nous a semblé que, quand un chef tue un cochon, l'habitude est de le répartir également entre tous ses sujets, et comme ceux-ci sont en général très nombreux chacun ne reçoit qu'une très petite portion, de sorte qu'ils tirent leur principale nourriture des végétaux, et ils en mangent de grandes quantités.



Cliché, Adolphe Sylvain



D'habitude, ils ne mangent pas ensemble, même a deux ; ceux du rang le plus élevé ne le font presque jamais, et les femmes ne mangent jamais avec les hommes, sous quelque prétexte que ce soit. Il n'est pas aisé de dire quelle peut être l'origine d'une coutume si extraordinaire, d'autant plus que ce peuple est dans toutes les occasions très avide de société, et que les hommes le sont particulièrement de celle des femmes. Nous leur avons souvent demandé la raison de cet usage, mais ils ne donnèrent jamais d'autre réponse que celle-ci : « C'est ainsi qu'il est convenable de faire », et ils exprimaient beaucoup de répugnance à l'idée d'hommes et de femmes mangeant ensemble des mêmes mets. Nous avons souvent prié des femmes, aussi instamment que nous pouvions, de prendre part à nos repas à notre table. Mais aucune d'elles n'y consentit une seule fois. Néanmoins, il leur arrivait souvent d'aller ensemble à cinq ou six au quartier des domestiques, et là de manger de bon cœur tout ce qu'elles pouvaient trouver, et elles ne se dérangeaient nullement quand l'un d'entre nous y venait pendant leur repas. Il arriva aussi quelquefois qu'une femme mangeât avec nous quand elle était seule en notre compagnie, mais elle s'assurait toujours que personne des siens ne le saurait. Donc, quelle que soit la raison de cette coutume, c'est plutôt une règle de savoir-vivre qu'un principe.

[...]

James Cook (1728-1779) ; Relation de voyages autour du monde ; premier voyage, 1768-1771





Vue panoramique de la baie de Cook ; île de Moorea



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(À suivre ...)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous néglige Monseigneur, j'en suis bien consciente... Mais depuis votre dernier passage à la taverne... puis votre silence... Enfin, ne pensez pas que les voyages de James Cook n'attirent pas votre Narratrice ici présente, ni que nos conversations devant l'âtre ne lui manquent point, ni même que notre loue séparation ne l'affecte pas, c'est faux ! Et je refuse que notre amitié en pâtisse ! De ma négligence...
Aussi je vous le dis sans ambages : je ne vous perdrais pas ! Ca non alors...

Anonyme a dit…

longue* séparation, et non pas "loue", qui ne veut rien dire... héhéhéhéhé

Anonyme a dit…

... Ma Très Noble Fée, c'est moi qui vous demande humblement de bien vouloir me pardonner de ce silence ... Je ne vous oublie pas ... et comment le pourrais-je ??? Je suis simplement très pris par la préparation du printemps ... Je ne manquerai pas, très prochainement, je l'espère, de vous rendre visite en votre Divin Lieu, pour prendre le temps de converser avec vous, près de l'âtre, devant un lait-fraise tiède ...
En vous priant de me pardonner cette inconvenale absence, je vous offre, ma Noble Fée, ma plus gracieuse révérence.

Votre dévoué ...

Anonyme a dit…
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