Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) ; La balançoire, 1767 ; huile sur toile, 83 x 66
Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain
Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain,
Mais le terrestre en elle avait un air divin.
Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ;
Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,
Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas,
Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
Sa tendre obéissance était haute et sereine ;
Elle savait se faire esclave et rester reine,
Suprême grâce ! et quoi de plus inattendu
Que d'avoir tout donné sans avoir rien perdu !
Elle était nue avec un abandon sublime
Et, couchée en un lit, semblait sur une cime.
A mesure qu'en elle entrait l'amour vainqueur,
On eût dit que le ciel lui jaillissait du coeur ;
Elle vous caressait avec de la lumière ;
La nudité des pieds fait la marche plus fière
Chez ces êtres pétris d'idéale beauté ;
Il lui venait dans l'ombre au front une clarté
Pareille à la nocturne auréole des pôles ;
A travers les baisers, de ses blanches épaules
On croyait voir sortir deux ailes lentement ;
Son regard était bleu, d'un bleu de firmament ;
Et c'était la grandeur de cette femme étrange
Qu'en cessant d'être vierge elle devenait ange.
Victor Hugo (1802-1885) ; in Toute la lyre
Jules Machard (1839-1900) ; Étude de l'Amour pour le plafond "Psyché rendue à l'Amour"
Papier gris, 34 x 24,5 ; crayon
À madame ***
Quand tu m’enserres de tes cuisses
La tête ou les cuisses, gorgeant
Ma gueule de bathes délices
De ton jeune foutre astringent,
Où mordant d’un con à la taille
Juste de tel passe-partout
Mon vit point, très gros, mais canaille
Depuis les couilles jusqu’au bout.
Dans la pinette et la minette
Tu tords ton cul d’une façon
Qui n’est pas d’une femme honnête ;
Et nom de Dieu, t’as bien raison !
Tu me fais des langues fourrées,
Quand nous baisons, d’une longueur,
Et d’une ardeur démesurées
Qui me vont, merde ! au droit du cœur,
Et ton con exprime ma pine
Comme un ours téterait un pis,
Ours bien léché, toison rupine,
Que la mienne a pour fier tapis
Ours bien léché, gourmande et saoûle
Ma langue ici peut l’attester
Qui fit à ton clitoris boule-
de-gomme à ne plus le compter
Bien léché, oui, mais âpre en diable,
Ton con joli, taquin, coquin,
Qui rit rouge sur fond de sable ;
Telles les lèvres d’Arlequin.
Paul Verlaine (1844-1896) ; in Femmes
Jules Machard (1839-1900) ; Étude de Méduse pour "la Mort de Méduse"
Papier, 29 x 22 ; crayon
Jules Machard (1839-1900) ; Étude de putto allongé avec une jeune femme
Papier, 19,5 x 27 ; crayon
L'épouse infidèle
Gentille dame, que je meure,
Si depuis la Saint-Jean d'été,
Tu ne soupires dix fois l'heure ;
Je fais de même, en vérité.
Tu rougis ? Amour nous rassemble.
N'approuves-tu pas son dessein ?
Comme tu t'effrayes et trembles !
Laisse-moi dénuder tes seins.
Ébloui, je vois et je touche.
Pandora ! Torse idolâtré,
Ô seins comme un Éden farouche,
Ostentatoires du sang délivré !
Maintenant, plus bas, dans ta louve ;
Elle s'avive sous mes doigts.
Toi-même, nymphe, tu me trouve,
Tu t'agenouilles devant moi.
Ô Dieux ! Sa bouche fellatrice,
Étui de mon ravissement !
Langue, traceuse d'une hélice ...
Ah ! Je jouis, astres déments !
De noble écume constellée,
Ivre d'un rubis aussi gros,
Ta noire gerbe dévoilée,
Tu te renverses sur le dos.
Un tournoi d'archanges s'annonce !
Je frémis, mon glaive se tend.
Dans la toison où je m'enfonce,
Le fracas muet du printemps.
Je suis le prince de ta fente !
C'est beau de t'entendre gémir.
Mets ta main, il faut que tu sentes
Cette force entrer et sortir.
Je t'aiguillonne, je te fouille,
Tes jambes ceinturent mes flancs,
Tu jouis sans répit, tu mouilles,
Tu me proclames ton ruffian.
Sur une jument alezane,
Trente courses jusqu'au matin !
Je te déprave ! Tu me damnes !
Je t'adore, belle catin !
Soit que je pâme entre tes cuisses,
Soit que j'inonde tes seins nus,
J'éprouve toutes les délices
D'Anchise au giron de Vénus.
L'ivresse où ton ardeur m'invite
Chez les mortels n'a point de nom :
Si tu baises comme Aphrodite,
Ah ! Tu suces comme Junon !
Je veux goûter leur ambroisie :
Fais que je boive à ton delta,
Comme Troïlus de Phrygie
Au sexe en fleur de Cressida.
Ruisselante, tu me renverses,
Tu chevauches sur mon épieu ;
Jusqu'au diaphragme il te transperce :
J'en vois le tison dans tes yeux.
Lucifer, exalte mon rêve !
Vase ultime de mes exploits,
Que cette croupe se soulève
Et m'offre un chemin plus étroit !
Tu te retournes, ma sirène.
Je me déchaîne sur tes reins ;
Ton dos est comme une carène
Que presse un nageur sous-marin.
-Du désir fameuse pirate,
Sodomie, orgueil des Enfers,
Sur mon front ta main écarlate
Pose une couronne de fer.
Souveraine de ce cantique,
Ton cri parachève l'amour
De ma maîtresse archimagique,
Azur et glèbe tour à tour.
Gilbert Lely (1910-1985) ; in Poésies complètes, 1990
Jules Machard (1839-1900) ; Étude pour la "gravure" dans "les artistes Modernes" de Montcrosier
6 commentaires:
non mais il est pas possible lui !!!
Cela dit j'aime beaucoup.Je connais mal (voir pas, soyons réalistes) Verlaine.
Rhôooo ... J'adore !!
Comme j'ai bien rit !
Etrange comme on ne nous demande pas d'apprendre ce poème de Verlaine...
...Verlaine nous cache bien des choses, c'est moi qui vous le dis !!! En fait, des comme ça, il en a écrit 13 à la douzaine... Celui-ci est un des plus "soft" que j'ai pu trouver ...
Mes chers hôtes, je vous remercie de vous être arrêté un peu "suggestivement" j'espère, sur ce post, fait d'une recette qui fait mes délices...
Eh bien dans ce cas, pourriez-vous nous faire part d'un des plus "hard" que vous ayez ?
Je dis ça, (déjà parce que tout le reste du monde en a envie, et qu'en tant que serviteur du peuple, je me fais voix à ses demandes les plus inavouables) juste pour voir le langage à ce point châtié de ces Grands !
Et moa qui osais penser que les poètes restaient poètes...
pour Verlaine, on en trouvera une bonne quantité ici :
http://www.poesie-erotique.net/PaulVerlaine.html
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