Danse de sorcières et de diables, au sommet du Brocken (un massif du Harz), en Allemagne, pendant la nuit de Walpurgis, du 30 avril au 1er mai de chaque année.
Faust - D'abord, pour aborder le monstre, j'emploierai la conjuration des quatre.
Que la Salamandre s'enflamme !
Que l'Ondin se replie !
Que le Sylphe s'évanouisse !
Que le Lutin travaille !
Qui ne connaîtrait pas les éléments, leur force et leurs propriétés, ne se rendrait jamais maître des esprits.
Vole en flamme, Salamandre !
Coulez ensemble en murmurant, Ondins !
Brille en éclatant météores, Sylphe !
Apporte-moi tes secours domestiques,
Incubus ! Incubus !
Viens ici, et ferme la marche !
Aucun des quatre n'existe dans cet animal. Il reste immobile et grince des dents devant moi ; je ne lui ai fait encore aucun mal. Tu vas m'entendre employer de plus fortes conjurations. Es-tu, mon ami, un échappé de l'enfer ? Alors regarde ce signe : les noires phalanges se courbent devant lui. Déjà il se gonfle, ses crins sont hérissés ! Être maudit ! Peux-tu lire, celui qui jamais ne fut créer, l'inexprimable, répandu dans tout le ciel, et criminellement transpercé ? Relégué derrière le poêle, il s'enfle comme un éléphant, il remplit déjà tout l'espace, et va se résoudre en vapeur. Ne monte pas au moins jusqu'à la voûte ! Viens plutôt te coucher aux pieds de ton maître. Tu vois que je ne menace pas en vain. Je suis prêt à te roussir avec le feu sacré. N'attends pas la lumière au triple éclat ! N'attends pas la plus puissante de mes conjurations !
Méphistophélès entre pendant que le nuage tombe, et sort de derrière le poêle, en habit d'étudiant ambulant - D'où vient ce vacarme ? Qu'est-ce qu'il y a pour le service de monsieur ?
Faust - C'était donc là le contenu du barbet ? Un écolier ambulant. Le cas me fait rire.
Méphistophélès - Je salue le savant docteur. Vous m'avez fait suer, rudement.
Faust - Quel est ton nom ?
Méphistophélès - La demande me paraît bien frivole, pour quelqu'un qui a tant de mépris pour les mots ; qui toujours s'écarte des apparences, et regarde surtout le fond des êtres.
Faust - Chez vous autres, messieurs, on doit pouvoir aisément deviner votre nature d'après vos noms, et c'est ce qu'on fait connaître clairement en vous appelant ennemis de Dieu, séducteurs, menteurs. Eh bien ! Qui donc es-tu ?
°
Francisco Goya ; L'adoration du grand bouc (1798)
°
Méphistophélès - Une partie de cette force qui veut toujours le mal, et fait toujours le bien.
Faust - Que signifie cette énigme ?
Méphistophélès - Je suis l'esprit qui toujours nie ; et c'est avec justice : car tout ce qui existe est digne d'être détruit, il serait donc mieux que rien ne vînt à exister. Ainsi, tout ce que vous nommez péché, destruction, bref, ce qu'on entend par mal, voilà mon élément.
Faust - Tu te nommes partie, et te voilà en entier devant moi.
Méphistophélès - Je te dis l'humble vérité. Si l'homme, ce petit monde de folie, se regarde ordinairement comme formant un entier, je suis, moi, une partie ; de la partie qui jadis était le Tout, une partie de cette obscurité qui donna naissance à la lumière, la lumière orgueilleuse, qui maintenant dispute à sa mère la Nuit son rang antique et l'espace qu'elle occupait, ce qui ne lui réussit guère pourtant, car malgré ses efforts elle ne peut que ramper à la surface des corps qui l'arrêtent ; elle jaillit de la matière, elle y ruisselle et la colore, mais un corps suffit pour briser sa marche. Je puis donc espérer qu'elle ne sera plus de longue durée, ou qu'elle s'anéantira avec les corps eux-mêmes.
°Johann Wolfgang von Goethe ; Faust (première version, 1808)
°
L'apparition du diable. Naples, XVIIIe siècle. Musée de Cluny.
5 commentaires:
Qu'en est-il de Mictlantecuhtli, Baal, Moloch, Apophis et Lucifer, alors ?
ps : Et pour complémenter idéalement, bientôt un peu d'enfer virtuel chez moi !
(soit dit en passant, c'est bien la peine que je poste deux messages en une nuit si personne ne réagit...)
Nouilleufly n'a pas encore lu le Faust ronflant au milieu de sa pile de livres en attente de débacle ms, grâce au billet de m.nonogre, il aura reçu une place de choix.
citation d'une réplique Faustienne by Flagorn (intern'hot,1neuro}
"Vades retro! Vades retro, je ne crains ni l'Enfer ni le Diable, monstre, infame, suposit...suppot du mal! Quelle est cette constip...conspiration! Satanus retournez a l'anu..abime qui vous ont engendré!Haaargh! rien ne marche! Mon crucifix...plus de pile!
...Pas de problème pour l'énergie de votre cru si fixe, chère nouille volante... J'ai le courant qu'il vous faut !!!
Courant d'air froid dites vous par ces temps de grande consommation : énergie d'absolution d'une Lustucru déshydratée :}
Nouilleufly
Enregistrer un commentaire