dimanche 10 mai 2009

Le clan, le clan, la cagoule ...





... Bon ! ... Il n'était pas forcément simple de chercher à commémorer en ce dix mai, la "Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage et de la traite négrière." ... Je ne manquais pas d'articles, de pamphlets, d'essais, d'écrits politiques ou historiques même, qui auraient pu satisfaire ici cette envie d'en dire deux mots à défaut d'en dire quelque chose ... des mots anciens et des modernes qui nous auraient qualifié l'inqualifiable ... je suis de ceux qui considèrent que notre histoire, grande ou petite, nous qualifie ... et je ne considère jamais qu'il y a "prescription" parce que nous n'en serions pas responsables nous-mêmes ...

J'ai donc choisi ici, un article, au demeurant fort mal écrit, qui traîte des suites logiques d'une certaine "aristocratie de l'épiderme" propre au XVIIIe siècle, qui nous conduisit, logiquement à mon sens, au racisme, puis tout naturellement, au colonialisme ... Le Ku Klux Klan est, à mon avis, une belle illustration de ces dérapages qui fit que "l'homme Africain" manqua l'Histoire ... Parce que nous nous étions employé à la lui faire manquer ... Je ne dirais pas assez ici, ni avec des mots assez lourds, que réduire en esclavage 25 millions d'hommes, de femmes et d'enfants, même sur trois siècles, c'est pour nous mêmes avoir réduit notre propre histoire ...
Et ce ... Parce que, malgré tout, je continue de rêver de Baobabs et de chapeaux ... de serpents ... et de planètes ...

M. Ogre





Ku-Klux-Klan

(du grec kuklos signifiant « anneau, cercle »)

Au début du siècle, le Ku-Klux-Klan avait provisoirement disparu [??? ndla]. Il avait été fondé en décembre 1865 à Pulaski, dans le Tennessee par d'anciens militaires sudistes sortis vaincus de la guerre de Sécession. Son objectif était de terroriser les Noirs afin de les empêcher d'exercer le droit de vote. Les klansmen avaient adopté de longues robes blanches et des cagoules. Ils voulaient ainsi accréditer l'idée auprès des Noirs qu'ils étaient les fantômes de soldats confédérés morts au combat. Par ailleurs, ils avaient adopté le blanc, symbole de pureté, celle de la race blanche. Cette organisation s'était en effet affichée d'emblée, raciste. Mais ce premier Ku-Klux-Klan était resté cantonné dans le « Vieux Sud ». II n'avait pas duré. Son chef, le « Grand Sorcier de l'empire invisible » avait prononcé sa dissolution en 1869 confirmée par la loi votée par le Congrès le 20 avril 1871. Par ailleurs, la ségrégation mise en place dans le « Vieux Sud » lui avait enlevé une partie de sa raison d'être.

Toutefois en décembre 1915, à l'initiative d'un ancien pasteur protestant, William S. Simmons, le KKK ressuscite à Stone Mountain, près d'Atlanta (Georgie). II fait suite à la sortie du film La naissance d'une nation de David Criffith. À la différence du premier, ce deuxième KuKlux-Klan se veut soucieux de légalité. Simmons sollicite en effet l'autorisation des Pouvoirs publics. II s'affiche partisan de « l'américanisme cent pour cent » comme le premier KKK, il milite contre les Noirs, pour la suprématie des Blancs. Mais, à la différence du premier, il s'oppose également aux juifs, aux catholiques et aux nouveaux immigrants, tous accusés de remettre en cause l'identité WASP des ÉtatsUnis. « White Anglo-saxon protestant ! » reste le cri de ralliement du KKK.





Les années vingt voient l'apogée du Ku-KluxKlan. Le « colonel » Simmons laisse la réalité du pouvoir à partir de 1920 à Edward Young Clarke et Elisabetz Tyler. Ils font du KKK une véritable entreprise commerciale qui recrute massivement. La cotisation est modeste (dix dollars), l'initiation frappe l'imagination.

Ses slogans « l'Amérique aux Américains ! Protection contre l'étranger, contre l'anarchiste ! » sont en phase avec le puissant courant isolationniste qui traverse les États-Unis de la première moitié des années vingt.

Le KKK se pose aussi en censeur des mœurs, punissant les femmes trompant leur mari ou mettant le feu à des maisons de prostitution. Le supplice qu'il affectionne le plus contre ses ennemis est celui du goudron et des plumes. La victime, après avoir été déshabillée et fouettée, a son corps aspergé de goudron. Puis elle est roulée dans un matelas de plume. Le Texas en a compté ainsi 500 pour la seule année 1922.

Mais le KKK ne se contente pas toujours d'humilier ainsi ses victimes. II recourt à l'occasion au crime, après avoir même mutilé certaines de ses victimes. Ainsi, en août 1922, il assassine deux jeunes de Louisiane, de la bourgade de Morehave Parish, Daniels et Richards, après les avoir suppliciés... De plus en plus violent, le KKK écarte le « colonel » Simmons, jugé trop falot, qu'Hiram W. Ewans, un dentiste de Dallas, remplace.

Aux élections de 1924, onze gouverneurs sont investis par le KKK. À la différence du premier, le second Ku-Klux-Klan a essaimé hors du Vieux Sud. Les gouverneurs proches de lui ne dirigent pas seulement le Tennessee, la Georgie, ou l'Alabama, mais aussi le Wiscontin au Nord, l'Oregon et la Californie à l'Ouest ou le Colorado. Le nouveau KKK a ainsi une dimension fédérale que n'avait pas celui du XIXe siècle. D'ailleurs, le KKK transfère en 1924 son siège d'Atlanta à Washington. À cette date, le KKK compte environ 2 millions de membres. 300 des 429 Représentants (députés) appartiennent au KKK ainsi que 60 des 94 sénateurs... Le congrès vote donc en 1925 une loi restreignant l'immigration. Le 7 août, le KKK parade au grand jour dans les rues de Washington ayant même invité le président Calvin Coolidge à le rejoindre ...





Toutefois, son déclin s'amorce à partir de 1926, avant même la crise de 1929. Ses crimes le discréditent dans une partie de l'opinion.

La crise économique que les États-Unis connaissent dans les années trente amplifie la désaffection que le Ku-Klux-Klan connaît. Pour l'enrayer, le KKK distribue des soupes populaires. II se mobilise surtout contre les syndicats, son nouvel ennemi. En 1935 par exemple, le KKK s'empare du syndicaliste Joseph Shoemaker. Après l'avoir fouetté, il le mutile atrocement. L'homme décède au terme de neuf jours de souffrances... Que le KKK dès lors subisse l'attraction du nazisme n'est guère étonnant.

Mais l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941 y met un terme. Toutefois, le KKK se mobilise beaucoup plus contre le Japon, incarnation du « péril jaune », que contre l'Allemagne nazie. En 1944, le KKK se saborde. En effet, il ne peut pas verser les 685 000 $ que les contributions directes lui réclament. II se dissout ne pouvant pas honorer sa dette.

Cependant, en 1945, un troisième Klan réapparaît en Géorgie à l'initiative du docteur Samuel Green. II connaît un regain relatif quand la loi contre la ségrégation dans les écoles publiques est promulguée (en 1954). Le KKK se rassemble de nouveau brûlant des croix. II renoue avec la violence, dynamitant des maisons ou exécutant des militants en faveur des droits civiques des Noirs (comme en juin 1964 où ils en assassinent trois). Le Klan compte environ 30 000 membres au milieu des années soixante.

Son Grand Sorcier, S.H. Bowers est condamné en 1970, à dix ans de prison. Des enquêtes sont ensuite diligentées contre cette organisation. À la fin du siècle, le KKK n'aurait plus compté que 10 000 membres environ, dirigé par le Grand Sorcier William Hoff. La majorité a décidé de pratiquer de l'entrisme, à l'image de David Duke, ancien grand sorcier, qui a adhéré au parti républicain.

Le Ku-Klux-Klan a été influent au début des années 1920. Mais dès la fin des années vingt, il a entamé un déclin. Celui-ci a été aussi favorisé par ses nombreuses divisions internes, certains klansmen, comme le « sorcier impérial » Robert Shelton, prônant la non-violence dans les années soixante. Par ailleurs, le KKK n'a jamais eu de rayonnement intellectuel. Son succès a reposé sur le racisme, l'attrait du mystère et du travestissement chez certains petits blancs et blanches. Les femmes y étaient beaucoup plus nombreuses qu'on ne l'a longtemps cru (voir Kathleen Blee, Women of the Klan : Racism and Cender in the 1920s, University of California Press, 1991). La petite bourgeoisie protestante a toujours constitué le vivier d'un Klan, réduit à la fin du siècle à l'état de groupuscule. L'ôklahoma Leader remarquait dès 1924 : « Le Klan est le phénomène le plus extraordinaire qui ait jamais existé. C'est un ordre fraternel qui propage des conflits, un empire qui prétend instaurer la démocratie, une conspiration criminelle qui veut le respect des lois, un nouveau genre de christianisme qui flagellerait le Christ parce qu'il est un juif et un étranger ».

Christian Hocq, Dictionnaire d'histoire politique du XXe siècle, 2005






3 commentaires:

Elbereth a dit…

Que celui qui croit en l'Humanité m'explique comment nous pouvons arriver à de tels "dérapages", si tant est que le mot soit correct...

Fantôme du bras de Blaise Cendrars a dit…

Cher Ogre, peut-être pourrez-vous m'éclairer : savez-vous pourquoi les encagoulés du Kakaka adorent brûler des croix ? Je n'arrive pas à trouver des réponses claires à ce sujet.
J'ai bien quelques idées : 1- c'est pour dire aux "niggers", de manière symbolique, que eux, chevaliers du kakaka, sont les seuls dignes représentants du Christ, ses dignes et flamboyants (!) fidèles ; 2- parce qu'ils ont un certain goût pour la pyrotechnie (on ne pourrait leur en vouloir, moi je trouve ça agréable à l'œil, une croix qui flambe dans la nuit, même si la chose fait plus penser à un rite satanique qu'autre chose). Mes théories ne tiennent pas trop la route, j'en conviens.

Merci et bonsoir.

M. Ogre a dit…

... Cher fantôme, j'avoue que votre question me laisse un tantinet perplexe ... Et je ne saurai trop y répondre ...
Malgré tout, j'opterais pour une approche "terroriste", me représentant que les bonshommes du kakaka aspiraient à une certaine publicité à défaut de notoriété ... Il leur fallait dès lors que cela se voit de loin ...
Ce que j'en dis ...

... Et vous, vous aimez les violettes ??? ...
Merci de votre passage ...