Giotto di Bondone (1267-1337) ; Vierge à l'enfant
Damnation
Nous devons croire, sous peine d'être damnés, que le dieu des miséricordes pour apprendre à vivre aux pécheurs après leur mort, et pour corriger les vivants qui n'en pourront rien voir, damne éternellement le plus grand nombre des hommes pour des fautes passagères ; par un miracle éclatant de sa bonté divine il les fera durer toujours, afin d'avoir le plaisir de les brûler toujours. L'église a, comme Dieu, le droit de damner ; il y a même des gens qui croient que sans elle Dieu ne damnerait personne, il ne le fait jamais que pour égayer sa femme.
Daterie
Nom que l'on donne à Rome à un bureau sacré, où, moyennant des espèces, on distribue des bénéfices, des dispenses, des grâces du saint esprit et même le droit de commettre des péchés.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Résurrection de Lazare
David
C'est l'un des plus grands saints du paradis, le vrai modèle des rois. Il fut rebelle, paillard, adultère, assassin, etc. Il couchait avec les femmes et faisait tuer les maris, mais il fut bien dévot et bien soumis aux prêtres, ce qui lui valut d'être appelé homme selon le cœur de Dieu ; Dieu même jusqu'à ce jour n'est jamais de plus belle humeur que lorsqu'on lui répète les vaudevilles que ce saint homme a composés.
Débrouilleur
Saint homme dont la fonction auprès des femmes riches et dévotes est de les aider à débrouiller leur petite conscience, à éclaircir leurs petits doutes, à calmer leurs petits scrupules, à évaluer leurs petits péchés, afin de les mettre en état de faire une bonne petite confession ; le débrouilleur se charge aussi quelquefois du soin de brouiller le ménage.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Rêve de Joseph
Déicide
Crime commis par les juifs en faisant mourir un dieu, qu'ils n'eurent point l'esprit de démêler dans un juif à cheveux roux, qui les attrapa pour les punir ensuite d'avoir été attrapés.
Déisme
Système impie, vu qu'il suppose un dieu trop raisonnable, qui n'exige rien des hommes que d'être bons et honnêtes, et qui ne leur demande ni foi, ni culte, ni cérémonies. On sent que ce système est absurde et ne convient nullement au clergé ; une telle religion n'aurait pas besoin de prêtres ; ce qui serait fâcheux pour la théologie.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Légende de saint Joseph ; rencontre à la Porte Dorée
Délations
La religion chrétienne est, comme on sait, l'appui de la société et le soutien des mœurs. Voilà pourquoi surtout dans les pays où la sainte inquisition est établie. L'église a des espions et force à la délation les parents, les amis, les valets ; ce qui rend la société très sûre, les mœurs très honnêtes, et le commerce de la vie infiniment agréable.
Déluge
Correction paternelle, infligée au genre humain par la providence divine, qui, faute d'avoir prévu la malice des hommes, se repentit de les avoir faits si malins, et les noya une bonne fois pour les rendre meilleurs ; ce qui eut, comme on sait, un merveilleux succès.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Naissance de la Vierge
Déposition
Les évêques seuls ont droit de juger et de déposer un évêque, les souverains, sans sacrilège, ne peuvent exercer ce droit ; depuis que Samuël déposa le roi Saül, les évêques ont acquis le droit de déposer les rois ; d'où l'on voit que c'est très légitimement que Louis Le Débonnaire fut déposé par des évêques au concile de Soissons, et que le pape a le droit incontestable de déposer les rois.
Devoirs
Dans la religion ce sont ceux qui sont fondés sur les rapports qui subsistent entre les hommes et leurs prêtres. D'où l'on voit que c'est aux prêtres seuls à fixer les devoirs d'un bon chrétien. Ils consistent à bien prier, à bien écouter ce qu'ils n'entendent point, et surtout à bien payer les ministres du seigneur.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Procession du mariage de la Vierge
Dévotion
C'est un saint dévouement aux prêtres, ou une pieuse exactitude à remplir les pratiques qu'ils recommandent. Les dévots, c'est-à-dire, les chrétiens, dument pénétrés de ces grands sentiments, ont l'avantage d'être plats, ennuyeux, insociables et par conséquent très dignes d'aller bien vite en paradis. Les dévotes sont de saintes bégueules qui travaillent efficacement au salut de tous ceux qui les approchent, en leur donnant un saint dégoût pour les choses de ce monde ; le mari d'une dévote doit être au moins souvent tenté de se sauver de chez lui.
Diable
C'est le Panurge de la cour céleste ; la cheville ouvrière de l'église. Dieu pourrait d'un seul mot le replonger dans le néant, mais il s'en garde bien, il en a trop besoin, pour mettre sur son compte toutes les sottises dont on pourroit l'accuser ; il le laisse donc faire et supporte patiemment les tours de page qu'il joue sans cesse à sa femme, à ses enfants, à lui-même. Dieu ne peut se passer du diable ; la crainte de Dieu n'est souvent que la crainte du diable ; c'est la religion de beaucoup de bons dévots, qui sans le diable pourraient bien ne pas trop songer ni à Dieu ni à ses prêtres.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; La fuite en Égypte
Dieu
Mot synonyme de prêtres ; ou, si l'on veut, c'est le factotum des théologiens, le premier agent du clergé ; le chargé d'affaires, le pourvoyeur, l'intendant de l'armée divine. La parole de Dieu c'est la parole des prêtres ; la gloire de Dieu c'est la morgue des prêtres ; la volonté de Dieu c'est la volonté des prêtres. Offenser Dieu c'est offenser les prêtres. Croire en dieu c'est croire ce qu'en disent les prêtres. Quand on dit que Dieu est en colère, cela signifie que les prêtres ont de l'humeur. En substituant le mot prêtres à celui de dieu la théologie devient la plus simple des sciences. Cela posé, l'on doit conclure qu'il n'existe point de vrais athées, vu qu'à moins d'être imbécile, on ne peut nier l'existence du clergé, qui se fait très bien sentir. Il y aurait bien un autre dieu, mais les prêtres ne s'en soucient point ; c'est au leur qu'il faut s'en tenir, si l'on ne veut se faire griller. voyez Déisme.
Dignités
Ce sont des distinctions mondaines que dans la religion d'un dieu humble l'on accorde à ses humbles ministres, à qui il ne convient plus d'être aussi misérables qu'il l'étoit lui même pendant son séjour en ce monde.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Le massacre des saints Innocents
Dimanche
Jour consacré au seigneur, c'est-à-dire destiné à rendre hommage à ses prêtres, en écoutant leurs beaux sermons, en assistant à leurs cérémonies, en se joignant à leurs divins concerts, et en s'enivrant ensuite à la courtille.
Directeur
C'est un saint homme à col tors, communément très friand ; dont la fonction est de venir dans les familles faire naître des scrupules, brouiller les époux, faire gronder les enfants et les gens, mettre à l'envers les cervelles des dévotes pour les guider plus sûrement dans le chemin du salut.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Les noces de Cana
Discipline
Ce sont les arrangements ou règlements salutaires que les ministres du seigneur jugent convenables à leurs intérêts, et qu'ils changent, à volonté, pour se conformer aux intentions immuables de la divinité. Ce mot désigne encore un instrument de corde ou de fil de fer, qui fait grand bien à l'âme quand on l'applique sur le corps.
Dispenses
Permissions de mal faire que le pape ou les évêques accordent moyennant finance ; en vertu de ces dispenses ce qui était illicite et criminel devient légitime et permis, vu que le produit des dispenses augmente les fonds de la caisse du père éternel et compagnie.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; L'expulsion des marchands du Temple
Disputes
Débats édifiants et intéressants que l'on voit assez souvent s'élever entre les interprètes infaillibles de la parole de Dieu, qui, pour le plus grand bien de son église, n'a point voulu parler trop clairement, de peur que ses chers prêtres n'eussent point à se chamailler.
Divorce
Il est absolument interdit aux chrétiens, chez qui le mariage est indissoluble. Il en résulte, sans doute, les plus grands biens pour les époux, qui très souvent ne peuvent s'accorder, car alors ils se tourmentent efficacement pendant toute leur vie, ce qui ne peut manquer de les conduire tout droit en paradis. Le divorce n'est permis qu'aux évêques, qui peuvent, quand ils veulent, troquer une femme pauvre pour en prendre une plus riche et plus cossue.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Le nettoyage des pieds
Dîmes
Elles appartiennent de droit divin aux ministres de l'église. Les apôtres, comme chacun sait, avaient les dîmes à Jérusalem. La loi ancienne, abrogée par Jésus-Christ, adjugeait les dîmes aux prêtres juifs, d'où il suit que la dîme de tous les biens, doit, sous la loi nouvelle, appartenir au clergé. D'ailleurs rien n'est plus légitime que de faire travailler les laboureurs pour ce pauvre clergé, qui fait de la théologie pour eux, leurs femmes et leurs enfants.
Doctrine
C'est ce que tout bon chrétien doit croire, sous peine d'être brûlé, soit dans ce monde soit dans l'autre. Les dogmes de la religion sont des décrets immuables de Dieu qui ne peut changer d'avis que quand l'église en change.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; L'arrestation du Christ ; Le baiser de Judas
Doigt de dieu
Toutes les fois qu'un grand événement, ou une révolution, ou une calamité tournent au profit du clergé, ces choses indiquent le doigt de Dieu, qui a toujours en vue ses bons amis les prêtres, excepté quand la griffe de Satan donne au bon dieu sur les doigts.
Dominante
On appelle religion dominante celle du prince, qui à l'aide des sabres, des baïonnettes et des mousquets prouve invinciblement aux autres religions de son pays qu'elles ont tort, que son confesseur a raison, et que c'est son conseil qui doit régler la croyance ou la foi.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Flagellation
Domination (esprit de)
L'ambition ou le désir de dominer sont des passions heureusement inconnues des ministres de l'évangile ; leur empire n'est point de ce monde, il est tout spirituel ; contents de dominer sur les esprits, ils ne craignent point que les corps, ou les étuis des esprits, manquent jamais d'être souples à leurs saintes volontés.
Donations
Ce sont les présents que l'église, par bonté pour ses enfants, consent à recevoir de leurs mains profanes ; le clergé ressemble à Messer Aldobrandin qui homme à présents étoit ; non qu'il en fît, mais il en recevoit . Tout ce qu'on donne à Dieu appartient au clergé. dabunt domino et erit sacerdotis. voyez nombres chap v, v 8.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Crucifixion
Dons gratuits
De droit divin le clergé ne doit rien à l'État ; s'il contribue à ses besoins c'est par condescendance pure ; il ne vit dans l'État que pour être protégé, respecté, payé ; il lui fait assez d'honneur en l'honorant de sa présence, en l'aidant de ses prières, en l'éclairant de ses lumières, en le soulageant de ses écus.
Douceur évangélique
Elle consiste a inculquer la foi à force d'injures, de menaces et de supplices ; c'est à l'aide de ces bonbons que l'église fait avaler à ses enfants la pilule de la foi.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Lamentations
Dragons
Missionnaires très orthodoxes que la cour de Versailles envoya aux huguenots pour argumenter contre eux sur la transsubstantiation, les ramener au giron de l'église, et leur prouver que le pape et le confesseur du roi ne peuvent jamais se tromper.
Droit canonique
C'est le recueil des lois, des ordonnances, des constitutions, des décisions, des bulles etc. Que les ministres du seigneur ont imaginé pour former la jurisprudence sacrée qu'ils se sont faite à eux-mêmes. Elle est quelquefois contraire à la raison, à la jurisprudence civile, aux droits des souverains, et même au droit naturel, mais tous ces droits sont faits pour céder à des droits divins.
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Resurrection
Droits divins
Ce sont les droits dont jouissent incontestablement tous ceux qui sont assez forts pour empêcher les autres de contester leurs droits, ou qui ne sont point curieux de les voir discuter. Dieu, comme on sait, est la même chose que ses prêtres, d'où il suit que les droits des prêtres sont toujours des droits divins. L'église jouit de droit divin du droit incontestable de se faire des droits divins, d'empêcher que jamais l'on ne doute de ses droits divins.
Dureté
On reproche communément la dureté aux gens d'église ; c'est en eux un effet de la plus sublime vertu ; un bon chrétien doit être parfaitement insensible. Il est un parfait prêtre quand Dieu lui fait la grâce de joindre une tête de fer à un cœur d'airain ; lorsqu'il a bien dîné, le monde entier doit lui être indifférent. C'est près du lit des moribonds que l'on voit surtout briller le stoïcisme sacerdotal. voyez Mourants.
Paul Henri Thiry d’Holbach (1723-1789) ; Théologie portative ; Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, 1768
Giotto di Bondone (1267-1337) ; Ascension
2 commentaires:
Mon seigneur, je vous salue.
Venant juste de poser mon manteau, je souhaitais simplement vous déposer un baiser.
... Grand merci Divine et très Aimable Fée ... Et croyez que je ne suis pas sans vous le rendre ...
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