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Les généticiens ont établi que, si les mariages consanguins entraînent probablement des effets néfastes dans une société qui les a longtemps évités de manière constante, le risque serait bien moindre dans le cas où la prohibition n’aurait jamais existé, car la sélection naturelle éliminerait au fur et à mesure les caractères nuisibles qui se seraient manifestés : les éleveurs usent de ce moyen pour améliorer la qualité de leurs animaux. Les conséquences nocives des mariages consanguins résultent de la pratique de la prohibition de l’inceste plutôt qu’elles ne peuvent l’expliquer. D’ailleurs, un très grand nombre de groupes primitifs ne partagent pas notre opinion sur le dommage biologique résultant de mariages consanguins, et ont des théories tout à fait différentes pour les condamner. La raison de cette condamnation doit donc être cherchée ailleurs, d’une manière mieux compatible avec les opinions généralement admises par l’ensemble de l’humanité.
L’explication véritable est à chercher dans une direction diamétralement opposée, et ce que l’on a dit sur la division sexuelle du travail peut nous aider à le comprendre. On a interprété celle-ci comme un moyen de créer entre les sexes une mutuelle dépendance, sociale et économique, établissant ainsi clairement que le mariage est supérieur au célibat. Or, de même que le principe de la division sexuelle du travail établit une dépendance mutuelle entre les sexes, les amenant par là à se perpétuer et à fonder une famille, la prohibition de l’inceste institue une dépendance mutuelle entre les familles, les forçant à engendrer de nouvelles familles en vue de se perpétuer. Il est étrange qu’on n’ait pas remarqué le parallélisme des deux démarches : l’omission s’explique par le recours à des termes aussi dissemblables que division d’une part, et prohibition d’autre part. Nous aurions pu aussi bien insister sur le seul aspect négatif de la division sexuelle du travail en appelant celle-ci « prohibition des tâches » - et inversement, souligner l’aspect positif de la prohibition de l’inceste en l’appelant « principe de division des droits de mariage entre famille ». Car la prohibition de l’inceste établit simplement que les familles (quelle que soit la manière dont elles se définissent) peuvent s’allier uniquement les unes aux autres, et non, chacune pour son compte, avec soi.
Nous comprenons maintenant pourquoi on se trompe quand on cherche à interpréter la famille à partir des bases purement naturelles de la procréation, de l’instinct maternel, des sentiments psychologiques entre le mari et la femme, entre le père et les enfants. Aucun de ces facteurs ne suffirait à donner naissance à une famille, et cela pour une raison assez simple : dans toute l’humanité, la condition absolument nécessaire pour la création d’une famille est l’existence préalable de deux autres familles, l’une prête à fournir un homme, l’autre une femme, qui, par leur mariage, en feront naître une troisième, et ainsi de suite indéfiniment. En d’autres termes, ce qui différencie réellement l’homme de l’animal, c’est que, dans l’humanité, une famille ne saurait exister sans société, c’est-à-dire sans une pluralité de familles prêtes à reconnaître qu’il existe d’autres liens que la consanguinité, et que le procès naturel de la filiation ne peut se poursuivre qu’à travers le procès social de l’alliance.
Claude Lévi-Strauss ; La Famille, in Claude Lévi-Strauss, ouvrage collectif, 1979
7 commentaires:
Tiens donc ?...
"une famille ne saurait exister sans société" ???
...
Mais mais mais... elle le fait exprès ou quoi ? De relever la seule phrase qui n'a rien à voir avec le sujet ?! hihi
La réponse est voui, évidemment, juste pour qu'on la remarque... Vous pourriez même en faire un article... ou pas.
Bon, sinan, évidemment que nous allons danser ce soir, puisqu'on marche au lait-fraise ! Monseigneur Ogre, acceptez-vous une nuit de musique et de passes... voire de jeux ?
J'aimais bien moi Tarzan en noi et blanc quand j'étais petite ..! (ca c'est un commentaire constructif!) :)
... ppffff ... Personne n'a pensé à dire qu'ils étaient quand-même gras en 1930 à Hollywood ... On voit bien qu'ils vivent pas dans la jungle ... Ah là là ...
Bon Ogre, je vous remercie néanmoins de vos commentaires ...
Et dire que tout ça, c'est la faute à la famille ... Honni soit qui mal y pense ...
Gras ? D'où qu'ils sont gras ? Ne soyez pas mauvaise langue Seigneur, ils ne sont pas gras !
Et puis, cela ne devrez pas vous déranger : je pense que la broche tourne mieux quand il y a de la viande sur les os.
Et puis, qui vous dit que quand on vit dans la jungle, on ne trouve rien à se mettre sous la canine ??? Hein ? Hein ? Hein ? On parle de Tarzan là que même ! Tarzan, c'est pas Bourriquet !
Allez, je vous laisse une bise, en souvenir de la soirée d'hier...
*Cela ne devrait...
Ouuhhhh la honte !!!
On met ça sur le compte de soirée d'hier aussi ? hihi
... hummm ... cette fote incalifiable ... je ne sé pa si je devré ...
Allez, soïons Ogre ... je vou pardone bien volontié ...
Je trouve ça quand même super balèze d'arriver, dans un même texte, à évoquer la division sexuelle du travail et l'inceste... Moi je dis Bravo monsieur Lévi-Strauss !!
Mais bon, laissons cela de côté et relisez plutôt :
"[...]et ce que l’on a dit sur la division sexuelle du travail peut nous aider à le comprendre. On a interprété celle-ci comme un moyen de créer entre les sexes une mutuelle dépendance, sociale et économique, établissant ainsi clairement que le mariage est supérieur au célibat."
Ben moi, les tâches ménagères m'exaspèrent... J'imagine que le mariage a de bons côtés (encore que je ne suis pas certaine d'en trouver... mais admettons), ceci dit, il faut du lourd pour contrebalancer les tâches ménagères ! Conclusion, je choisis le célibat... mais le célibat actif, hein !! ;)
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