lundi 28 avril 2008

Conte priapique...

Max Koch / Otto Rirth, Der Act, 1895

Misères de la vie humaine.

Je veux philosopher un peu sur l'homme, et sur ce qu'il fait ici-bas : je vois d'abord que, dès qu'il est sorti du con, il se met à crier comme un désespéré.
Lorsqu'il ouvre les yeux, il est tout ahuri, ne sait où il est, et voit confusément ceux qui le regardent, mais sans savoir ce qu'il voit.
En grandissant, il lui faut supporter de grandes souffrances, des maladies, et notamment les douleurs de la dentition.
Viennent ensuite les rougeoles, les varioles, les épouvantes, le fouet et autres punitions ; et tout cela avant, pour ainsi dire, qu'il puisse se tenir debout.
Il a quelques plaisirs ; mais ceux de l'enfant durent peu et sont toujours mêlés d'amertume,
Soit qu'on lui fasse peur, soit qu'on lui refuse à manger, soit qu'il soit grondé par sa mère ou par sa nourrice.
Après cela, vient le grand chagrin d'aller à l'école et d'étudier, afin de savoir quelque chose.
S'il veut exercer une profession, que de temps et de patience ne lui faut-il pas, avant de la connaître convenablement ?
Au terme de l'adolescence, il entre dans l'océan du monde et n'y trouve pas un instant de véritable repos.
Il a beau chercher des plaisirs parfaits, il ne peut pas en trouver, et ceux qu'il préférerait ne sont pas convenables.
Il se jette de tout son cœur dans les nouveautés, et ne tarde pas à s'en repentir.
Le bien dure un moment, et le mal reste longtemps. Å quelques jours sereins succèdent une longue tempête.
Quand ensuite l'amour lui entre dans la tête avec tous ses déboires, ce n'est rien moins que l'enfer dépeint par les poètes.
Les sentiments les plus contraires l'agitent, et le tourmentent au point qu'il désire parfois la mort.
Ô misérable Nature, pourquoi nous faire trouver tant d'amertume dans ce qui nous plaît le plus ?
Si nous examinons l'avare, quelle douleur n'éprouve-t-il pas, quand il est forcé d'ouvrir sa bourse ?
Å quoi lui sert cette belle caisse pleine d'écus et de doublons, dont il ne peut pas se séparer ?
Il ne mange jamais un bon morceau, et ce qui ferait le bonheur d'une foule de gens ne lui est d'aucune utilité.
Celui qui se creuse la cervelle pour arriver aux dignités doit renoncer complètement à sa liberté.
S'il est ignorant, il lui faut recourir à l'intrigue, s'il a de grands talents, il est persécuté par les sots.
Il y a un tas de pauvres diables qui travaillent nuit et jour, pour soutenir le peu de vie qui leur reste.
Quelle passion plus cruelle que celle de l'homme luxurieux, qui éprouve sans cesse le besoin de foutre !
Il le désire sans cesse, et n'en est jamais là, malgré tous les désagréments que cela lui attire.
Tel qu'un chien enragé, il lécherait, je crois, le con de toutes les femmes, filles ou veuves.
Ne craignant de perdre, ni sa santé, ni sa fortune, il n'est content que lorsqu'il est dans un con.
Voilà ce qu'est l'homme, et quels sont les combats que ses passions l'obligent à vivre sur la terre.
Lorsqu'il est parvenu au terme de sa jeunesse, il croit pouvoir se tirer de la mer des passions ;
Mais il y plonge plus profondément encore, quand il voit qu'il a tout perdu, excepté ses passions ;
Surtout celui qui était tellement amoureux du beau sexe qu'il avait tout sacrifié pour lui plaire.
Alors celui qui désespère d'atteindre le port, et qui ne trouve plus aucun agrément dans cette mer, voudrait être mort.
Que lui importe de voir encore le soleil et la lune, s'il ne peut rien obtenir des femmes ?
Mais, me dira-t-on, il reste encore aux vieillards les plaisirs de l'esprit : Ce sont hélas ! De biens tristes plaisirs.
Ils n'ont rien de réel, n'étant que des caprices du cerveau, et l'on n'est plus bon à rien lorsqu'on n'a plus de vit.
En quoi consiste le bonheur ? Personne ne le sait, et ce qui plaît à l'un dans un endroit déplaît ailleurs à un autre.
Chacun émet son avis à cet égard, persuadé que c'est le seul bon, et pourtant l'un ou l'autre est dans l'erreur.
Il n'y a que le con qui, d'un commun accord, soit une bonne salaison, exempte d'amertume.
La vieillesse est un mal ; mais la privation la plus cruelle, que lui impose la perfidie du Destin, est celle de ne plus aller dans ce jardin.
Quoi de plus malheureux qu'un vieillard ! Chaque instant lui apporte un nouveau mal, qui est avant-coureur de la mort ;
Et, quand arrive la dernière maladie, qui doit l'emporter, il n'est pas de vin de Chypre, ni d'eau-de-vie, qui puissent le sauver.
Quelle triste chose, lorsqu'on en est arrivé là, de voir les parents et les amis qui se désolent,
Et ces ignorants médecins, qui, reconnaissant leur erreur, ne savent plus que dire, sinon qu'il faut appeler le confesseur.
Quelle grande et terrible question ! Qu'est-ce que l'homme, et quel avenir lui est réservé ? Lorsque j'y songe, je voudrais n'être pas né.

Robert Mapplethorpes, Christopher Holly, 1980

Pierre et Gilles, Casanova - Enzo, 1995

Madrigal

Pourquoi écouter les sornettes, que de maudites gens vous fourrent dans la tête, et ne pas écouter plutôt la vérité et la raison ?
Le vit est une créature qui a, à l'égard de cette fente, d'anciennes investitures, une sentence légale, un titre, et le droit de le faire valoir.

Konrad Helbig, Brazil, 1968

Madrigal

Un bon gros vit, toujours ferme, et qui se dresse quand on veut,
Vaut bien mieux que vit d'un grand seigneur, qui, pour jouer sa partie, a besoin d'être touché en la, sol, ré.

Pierre et Gilles, Le petit jardinier - Didier, 1993

Madrigal

Que j'aurais de plaisir à voir un gros vit entre les mains d'une reine et d'une sœur capucine ! L'une le regarderait d'un air dédaigneux ; l'autre s'écrierait : Qu'est-ce que cela, ô mon Jésus !
Mais, en somme, toutes deux l'examineraient, le presseraient, le manieraient, et, n'y pouvant plus résister, se le mettraient dans le con, et se branleraient à en mourir.

Dianora Niccolini, Self Discovery, 1980

Madrigal

Sottises, sottises, bonnes pour des enfants, que tous les bavardages de ces petits-maîtres, qui se croient des dieux.
C'est un vit qu'il faut, mes chers nigauds. Un vit, quand le moment est bien choisi, ne manque jamais son coup.

James Bidgoog, Bobby Test Five, 1960s

Madrigal

Dire à mon vit, qui fait la sourde oreille, qu'il est un gueux, et que s'attaquer au cul est un péché,
C'est tout comme si je disais au con que l'on gagne des indulgences en disant le chapelet ; il ne voudrait pas me comprendre.

Edwin F. Townsend, Tony Sansone, 1930

Madrigal

Quiconque, après avoir donné des baisers, s'en tient là, est un couillon qui mérite de perdre les baisers qu'il a reçu.
Celui qui en est arrivé à donner un baiser doit compter sur le succès : S'il ne l'obtient pas, c'est par sa faute, et il ne doit pas s'en plaindre.

Jan Saudek, The New View from my Window, 1986

Madrigal

Si l'on écoutait ce que dit une femme, on se découragerait, et l'on renoncerait à tout espoir ; mais elle finit toujours par décharger avec le vit qu'elle a longtemps refusé.

Ken Haak, Black Man with Foired Arms, Torso to Thigh, in profile, 1968

Madrigal

Les laides ont le droit de vivre comme les belles ; c'est pourquoi je suis bienveillant pour toutes. Chacune d'elles doit goûter un peu du plaisir de l'amour.

Andy Devine, 1996

Giorgio Baffo (Venise, 1694 - Venise, 1768), fut un poète et un sénateur célèbre de la République de Venise au XVIIIe siècle.

Richard Kern, Bruce La Bruce wirh his Hands on his Hips, 1994

7 commentaires:

PetitChap a dit…

... Waouh !! Je n'ai pas le temps de tout lire, je repasserai ... mais n'ayez crainte, je pars pour ma journée avec la tête pleine de belles images ...!! Miam miam !!

Anonyme a dit…

L'auteur se trompe en disant que les plaisirs de l'esprit sont bien peu de chose... La chair est triste et -heureusement- je n'ai pas encore lu tous les livres.

Anonyme a dit…

...Oh l'autre... Elle va nous faire déprimer...

En attendant, pragmatique, je continue à penser que "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" !!!

La Chair est triste :
1°) C'est un mot d'esprit...
2°) Encore faut-il rencontrer les bonnes personnes...
3°) Pas la peine de dégouter les autres !!!

Conclusion : La chair est faible et nous nous devons de l'endurcir !!!

PetitChap a dit…

L'auteur se trompe en disant que les plaisirs de l'esprit sont bien peu de chose, certes ... Mais reconnaissez, Mouette qui rit, que les plaisirs de la chair sont au moins aussi épanouissants que ceux de l'esprit ...

J'aime beaucoup votre conclusion, l'Ogre ... Mais dites-moi, depuis quand êtes-vous pragmatique ...?!

Anonyme a dit…

Ca me fait penser à un truc tout ceci... Ah oui, "quand un homme voit une femme nue, il est immédiatement émoustillé. Quand une femme voit un homme nu, elle ne peut pas s'empêcher de rire" ! Voilà ce que voulais dire... Pardon, j'ai pas fait exprès.

Je reviendrais plus tard pour le texte !!!

H a dit…

Ah oui...Carrément .. ?
Tout ca pour apâter des lectrices ?

null a dit…

L'endurcir, l'endurcir... C'est vite dit !