dimanche 9 décembre 2007

Délices de Capoue...

Miniature du Rãjasthãn de style Mughal (fin XIXe)

Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car ton amour vaut mieux que le vin,
tes parfums ont une odeur suave ; ton nom est un parfum qui se répand ; c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
Entraîne-moi après toi ! Nous courrons ! Le roi m’introduit dans ses appartements... Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ; nous célébrerons ton amour plus que le vin. C’est avec raison que l’on t’aime.
Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon.
Ne prenez pas garde à mon teint noir : C’est le soleil qui m’a brûlée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont faite gardienne des vignes. Ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.
Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu fais paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une égarée près des troupeaux de tes compagnons ?
Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, sors sur les traces des brebis, et fais paître tes chevreaux près des demeures des bergers.
À ma jument qu’on attelle aux chars de Pharaon je te compare, ô mon amie.
Tes joues sont belles au milieu des colliers, ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
Nous te ferons des colliers d’or, avec des points d’argent.
-Tandis que le roi est dans son entourage, mon nard exhale son parfum.
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, qui repose entre mes seins.
Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne des vignes d’En-Guédi.
-Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes.
-Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable ! Notre lit, c’est la verdure.
-Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris sont des cyprès.
[...]


Heinrich Füssli (v. 1800)

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile.Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent de l’abreuvoir ;
toutes portent des jumeaux, aucune d’elles n’est stérile.
Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, et ta bouche est charmante ;
ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile.
Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour être un arsenal ;
mille boucliers y sont suspendus, tous les boucliers des héros.
Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d’une gazelle, qui paissent au milieu des lis.
Avant que le jour se rafraîchisse, et que les ombres fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens.
Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a point en toi de défaut.
Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l’Amana, du sommet du Senir et de l’Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards.
Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée, tu me ravis le cœur par l’un de tes regards, par l’un des colliers de ton cou.
Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée !
Comme ton amour vaut mieux que le vin, et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates !
Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; il y a sous ta langue du miel et du lait, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban.
Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée.
Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers, avec les fruits les plus excellents, les troënes avec le nard ;
Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, avec tous les arbres qui donnent l’encens ;
la myrrhe et l’aloès, avec tous les principaux aromates ;
Une fontaine des jardins, une source d’eaux vives, des ruisseaux du Liban.
Lève-toi, aquilon ! viens, autan ! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s’en exhalent !
Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu’il mange de ses fruits excellents !


Anonyme (XIXe)

J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ; je cueille ma myrrhe avec mes aromates, je mange mon rayon de miel avec mon miel, je bois mon vin avec mon lait... Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour !
J’étais endormie, mais mon cœur veillait... C’est la voix de mon bien-aimé, qui frappe :
Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite !
Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.
-J’ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ?J’ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ?
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, et mes entrailles se sont émues pour lui.
Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ; et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts, la myrrhe répandue sur la poignée du verrou.
J’ai ouvert à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé s’en était allé, il avait disparu. J’étais hors de moi, quand il me parlait. Je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé ; je l’ai appelé, et il ne m’a point répondu.
Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée ; ils m’ont frappée, ils m’ont blessée ;
ils m’ont enlevé mon voile, les gardes des murs.
Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ?...
Que je suis malade d’amour.
-Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre, ô la plus belle des femmes ?
Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre, pour que tu nous conjures ainsi ?
-Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; il se distingue entre dix mille.
Sa tête est de l’or pur ; ses boucles sont flottantes, noires comme le corbeau.
Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, se baignant dans le lait, reposant au sein de l’abondance.
Ses joues sont comme un parterre d’aromates, une couche de plantes odorantes ;
ses lèvres sont des lis, d’où découle la myrrhe.
Ses mains sont des anneaux d’or, garnis de chrysolithes ; son corps est de l’ivoire poli, couvert de saphirs ;
Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, posées sur des bases d’or pur.
Son aspect est comme le Liban, distingué comme les cèdres.
Son palais n’est que douceur, et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem !
[...]



Giovanni Zuin [s.d.]

Reviens, reviens, Sulamithe ! Reviens, reviens, afin que nous te regardions.
Qu’avez-vous à regarder la Sulamithe comme une danse de deux chœurs ?
Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince !
Les contours de ta hanche sont comme des colliers, œuvre des mains d’un artiste.
Ton sein est une coupe arrondie, Où le vin parfumé ne manque pas ;
ton corps est un tas de froment, entouré de lis.
Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d’une gazelle.
Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont comme les étangs de Hesbon, près de la porte de Bath-Rabbim ; ton nez est comme la tour du Liban, qui regarde du côté de Damas.
Ta tête est élevée comme le Carmel, et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre ;
un roi est enchaîné par des boucles !...
Que tu es belle, que tu es agréable, ô mon amour, au milieu des délices !
Ta taille ressemble au palmier, et tes seins à des grappes.
Je me dis : Je monterai sur le palmier, j’en saisirai les rameaux ! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, le parfum de ton souffle comme celui des pommes, et ta bouche comme un vin excellent,... Qui coule aisément pour mon bien-aimé, et glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment !
Je suis à mon bien-aimé,et ses désirs se portent vers moi.
Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs, demeurons dans les villages !
Dès le matin nous irons aux vignes, nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers fleurissent.
Là je te donnerai mon amour.
Les mandragores répandent leur parfum, et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, nouveaux et anciens :
Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.
Cantique des cantiques, de Salomon


Torii Kiyonaga ; Rouleau sous la manche élégante (v. 1785)

3 commentaires:

link886 a dit…

hummmmm....délicieux !

Encore !!!!!!

PetitChap a dit…

Serait-ce vous qui avez laissé ce magnifique commentaire sur l'enfer des bibliothèques ?!

Je repasserai pour lire cet article, mais il est long ...

M. Ogre a dit…

Signé les Vamps ??? Hélas non !!! Croyez bien que je le regrette...