Mary Kingsley est née à Islington. Elle est la fille de George Kingsley (écrivain de récit de voyage lui aussi) et de Mary Bailey. Elle est la nièce de Charles Kingsley. Son père travaille comme médecin au service de George Herbert, 13e
comte de Pembroke. Sa mère est invalide si bien que Mary doit rester à
la maison et s'occuper d'elle. Mary ne suit pas une longue scolarité
mais elle a accès en revanche à la bibliothèque très fournie de son père
et adore l'écouter lui raconter des histoires de pays lointains.
Son père meurt en février 1892.
Sa mère meurt aussi cinq semaines plus tard. Libérée de ses obligations
familiales, et disposant d'un revenu de 500 £ par an, Mary peut enfin
voyager. Elle décide de découvrir l'Afrique et de ramener le matériel
indispensable pour terminer un ouvrage que son père avait commencé
d'écrire sur certaines populations de ce continent.
Mary débarque en Angola à Luanda en août 1893. Elle vit parmi les tribus locales qui lui apprennent tout ce qu'elle doit savoir pour survivre dans la jungle, et elle s'aventure seule dans des contrées dangereuses.
Elle revient en Afrique en 1895 afin d'étudier des tribus cannibales. Elle se déplace en canoë sur le fleuve Ogooué où elle découvre des espèces de poissons inconnues. Après sa rencontre avec les Fangs elle escalade les 4 100 m du mont Cameroun par un itinéraire inconnu des Européens.
Des nouvelles de ses aventures atteignent l'Angleterre et à son
retour en octobre 1895 elle est accueillie par une foule de journalistes
prêts à tout pour l'interviewer. Elle est désormais célèbre et dans les
trois années qui suivent elle donne des conférences dans tout le pays
sur ses expériences africaines.
Mary Kingsley a écrit deux livres sur son expérience de l'Afrique : Travels in West Africa (1897), qui a été immédiatement un best-seller, et West African Studies (1899).
Dans ce dernier livre, elle propose une nouvelle organisation politique
pour l'Afrique de l'ouest. Voilà comment elle résume son parcours en
Afrique :
« Je peux dire qu'il n'y a vraiment que deux choses dans ma vie dont je sois fière : la première est d'avoir été félicitée par le Dr Günther pour ma collection de poissons ; et la seconde est d'avoir appris à manier un canot adouma (...). »
En Angleterre, elle se montrera toujours hostile au droit de vote des
femmes et aux féministes, ce qui ne l'empêche pas, par son expérience
de vie, de remettre en cause le modèle traditionnel des femmes
victoriennes. Au cours de la seconde guerre des Boers, Mary Kingsley se porte volontaire comme infirmière. Elle meurt de la typhoïde dans la ville de Simon, où elle soignait des prisonniers Boers. Selon ses dernières volontés ses funérailles ont lieu en mer.
M. Wikipédia
LTM 1860 - Aventures et chasses du voyageur Anderson dans l'Afrique Australe (1850-1854)
"Girafe attaquée par des lions" - Dessin de G. Doré
"Girafe attaquée par des lions" - Dessin de G. Doré
En 1893, pour la première
fois de ma vie, je me retrouvai avec cinq ou six mois de liberté
devant moi. Avec l'émotion d'un enfant qui vient de recevoir une
pièce de cent sous, je cherchai ce que j'allais bien pouvoir en
faire. « Va découvrir les Tropiques », me soufflait la Science. Mais
où diable aller ? Les Tropiques, où qu'ils soient, restent les
Tropiques. J'attrapai donc un atlas : la Malaisie me parut trop
éloignée, et le voyage trop coûteux. Il me restait à choisir
entre l'Amérique du Sud et l'Afrique occidentale. Bien que je fusse
tombée sur un article alléchant consacré à l'Éthiopie, je
résistai à la tentation et jetai mon dévolu sur l'Afrique de
l'Ouest. [...] Mon ignorance sur l'Afrique occidentale fut de courte
durée. Certes, il me reste aujourd'hui encore beaucoup à apprendre,
mais je collectionnai dès avant mon départ des tas d'informations
curieuses. C'est à dessein que j'emploie cet adjectif, car bon
nombre des gens à qui je demandai conseil virent là l'occasion de
me raconter absolument n'importe quoi. Tous leurs renseignements
contribuèrent à entretenir dans mon esprit la plus grande
confusion, malgré mes efforts héroïques de classement. […]
M. Farini - LTM 1886
Huit mois au Kalahari (1885-1886)
"Boushmen fabriquant le poison de leurs flèches", dessin de Y. Pranishkoff
Huit mois au Kalahari (1885-1886)
"Boushmen fabriquant le poison de leurs flèches", dessin de Y. Pranishkoff
Pour commencer, je
m'enquis auprès de tous mes amis : que savaient-ils de l'Afrique
occidentale ? Rien, pour la plupart. Toutefois, certains me
répliquèrent : « Vous n'allez pas partir là-bas ! C'est là que se
trouve le Sierra Leone, vous savez, le tombeau de l'homme blanc. »
Aucun doute, la région était malsaine. [...] Je résolus alors
d'interroger les médecins. Ils me répondirent avec entrain : « C'est
l'endroit le plus insalubre du monde », en m'exposant, cartes à
l'appui, la répartition des maladies à la surface du globe. S'il
est vrai qu'un pays a l'air peu engageant, représenté en vert de
gris ou jaune bilieux, on peut toujours imaginer que le cartographe
manquait de sens artistique. Malheureusement, on ne peut mettre en
doute ses intentions lorsqu'il utilise du noir : or les dessinateurs
couvrent de noir la région située du nord du Sierra Leone au sud du
Congo. « À votre place, je n'irais pas », me répétaient à l'envi
mes amis médecins, « vous allez attraper quelque chose. » […]
Gustave Nachtigal - LTM 1880
Deux mois au Tibesti - Voyage au Baguirmir (1869-1873)
"Le docteur sauve une esclave", dessin de Y. Pranishkoff
Deux mois au Tibesti - Voyage au Baguirmir (1869-1873)
"Le docteur sauve une esclave", dessin de Y. Pranishkoff
Naturellement, alors que
ma raison s'alarmait des bruits qui couraient sur l'Afrique de
l'Ouest, mon cœur était irrésistiblement attiré par la région -
et finalement, ce fut plus fort que moi, je résolus de partir. Par
chance, je connaissais un monsieur qui avait vécu sept ans sur la
côte : quoiqu'il n'eût jamais résidé là où je comptais me
rendre, son avis m'était précieux, car malgré un séjour prolongé
dans cette région mortelle, il n'était pas trop mal en point.
Lorsque je lui fis part de mes projets, il me rétorqua : « Quand on
se décide à partir pour l'Afrique de l'Ouest, le plus sage est
encore de changer d'avis et de se rendre en Écosse à la place. Si
toutefois vous persistez à être déraisonnable, prenez donc quatre
grains de quinine par jour pendant deux semaines avant d'arriver vers
le delta du Niger, et tâchez de prendre contact avec les
missionnaires Wesleyens : ce sont les seuls dans toute la région qui
disposent de corbillards de première classe. » […]
David Livingstone - LTM 1866
Le Zambèze et ses affluents (1858-1864)
"Le monstre lui avait coupé la jambe" - Dessin de E. Bayard
Le Zambèze et ses affluents (1858-1864)
"Le monstre lui avait coupé la jambe" - Dessin de E. Bayard
Début août 1893, je
quittai pour la première fois l'Angleterre en direction de « la
Côte ». Jusqu'au dernier moment, j'avais reçu des préparations de
quinine (en port dû), et un ami m'avait envoyé en toute hâte deux
coupures de journaux. La première, intitulée « Une semaine sur un
raffiot », décrivait les conditions de vie, les occupants et la
faune d'un vapeur à destination de l'Afrique de l'Ouest - bâtiment
sur lequel je m'apprêtais à passer non pas une, mais sept semaines.
Le second article, tiré du Daily Telegraph, était le compte rendu
d'un manuel français de conversation courante au Dahomey. On y
lisait tout d'abord : « Au secours, je me noie ! » Puis venait une
série d'interrogations et d'exclamations « Cet homme n'est-il pas un
voleur ? », « Le bateau chavire ! » et « Debout,
bande de fainéants ! » Enfin, une question « Comment se
fait-il qu'on n'ait pas enterré cet homme ? », suivie d'une réponse
délicieuse : « C'est qu'il a été tué par le fétiche, alors il
doit rester exposé à l'air libre jusqu'à ce qu'il ne reste que les
os. » Tout ceci était plutôt décourageant pour quelqu'un qui
allait passer une bonne partie du temps à naviguer, entre deux
enquêtes sur les fétiches. C'est donc avec de sombres
pressentiments que je quittai Londres pour Liverpool, peu réconfortée
par les usages des compagnies maritimes à destination de l'Afrique
occidentale, quand elles m'apprirent sans ménagement qu'elles ne
délivraient pas de billets de retour.
Stanley - LTM 1878
À travers le continent mystérieux (1874-1877)
"Eaux chaudes de Mtagata" - Dessin de E. Bayard
À travers le continent mystérieux (1874-1877)
"Eaux chaudes de Mtagata" - Dessin de E. Bayard
Mary Kingsley,
Travels in West Africa,
Virago, Londres, 1982.
Trad. Anne Hugon
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