Edmond Dulac (1882-1953) ; illustration de la belle et la bête
Il était une fois, un Ogre Tunisien d'origine grecque qui s'appelait Mustapha Khaznadar (أبو النخبة مصطفى خزندار), de son vrai nom Giorgios Kalkias Stravelakis.
Né en 1817 à Kardamila sur l'île de Chios, on raconte qu'il était le lointain descendant du célèbre cyclope Polyphème et qu'il serait l'aïeul d'un Ogre qui sévit récemment en Tunisie durant de nombreuses années avant de s'enfuir... non sans emporter dans ses malles une importante partie du Trésor National...
...D'ailleurs, le nom de Khaznadar signifie «Voleur de Trésor»...
Né en 1817 à Kardamila sur l'île de Chios, on raconte qu'il était le lointain descendant du célèbre cyclope Polyphème et qu'il serait l'aïeul d'un Ogre qui sévit récemment en Tunisie durant de nombreuses années avant de s'enfuir... non sans emporter dans ses malles une importante partie du Trésor National...
...D'ailleurs, le nom de Khaznadar signifie «Voleur de Trésor»...
Mustapha Khaznadar, ministre des finances de la Régence de Tunis puis grand vizir de 1855 à 1873
Capturé avec son frère Yannis en 1821, il est conduit à Izmir puis Constantinople où il est vendu comme esclave à un envoyé du bey de Tunis. Élevé dans la famille beylicale par Mustapha Bey, puis par son fils Ahmed Ier Bey alors que celui-ci est encore prince héritier, il parvient à se hisser aux plus hauts postes de l'État tunisien : il épouse la princesse Lalla Kalthoum en 1839 et se voit promu lieutenant-général de l'armée beylicale en 1840 puis président du Grand Conseil de 1862 à 1878.
Kay Nielsen (1886-1957) ; Illustration pour les Mille et une nuits
Mustapha Khaznadar, devenu ministre des finances d'Ahmed Ier Bey en 1837 puis grand vizir de Mohammed Bey en 1855, instaure une politique financière déplorable pour le pays en imposant une fiscalité extrêmement lourde et en contractant des emprunts en France. De plus, des exactions sont opérées par les gouverneurs des villes et les chefs de tribus.
Illustration de Léon Bakst (1866-1924)
En 1864, sous la conduite d'Ali Ben Ghedhahem, les villes du Sahel ainsi que les tribus du sud-ouest du pays se révoltent aux cris de : « Plus de constitution ! Plus de taxes ! Plus de mamelouks ! ». Le gouvernement se demande alors si les Bédouins ne vont pas assiéger Tunis tellement l'insurrection gagne du terrain. Mais les insurgés manquent d'unité de vue et d'action et Khaznadar en profite pour semer la division parmi eux. Il charge le général Ahmed Zarrouk de réprimer cette insurrection. La répression est impitoyable notamment dans le Sahel. Le bey suspend la constitution de 1861 et le taux de la taxe est réduit de moitié mais Khaznadar et les mamelouks, qui viennent de sauver le régime de l'insurrection, restent au pouvoir car ils sont plus indispensables que jamais pour le souverain.
Aubrey Beardsley (1872-1898), Ali Baba, 1897
Succédant à ces événements, une sécheresse persistante s'abat sur le pays. Elle est d'autant plus désastreuse que les réserves vivrières sont épuisées et que les hommes au pouvoir n'ont pris aucune mesure pour enrayer ses conséquences. La misère sévit dans le pays en 1867 et la capitale n'est pas épargné : il meurt de 100 à 150 personnes par jour de famine ou du typhus.
Albert Robida (1848-1926) ; illustration pour Ali Baba
Dans ces circonstances difficiles, Mustapha Khaznadar détourne le trésor de l'État à son propre profit, à partir de 1868, notamment les recettes municipales. Le budget de la municipalité de Tunis est ainsi réduit à la modeste subvention des habous. C'est en 1873 qu'a finalement lieu la chute de Khaznadar : le général Kheireddine Pacha, alors président de la commission financière internationale institué par le bey en 1869, présente au souverain, dans une audience au palais du Bardo avec la complicité du favori Mustapha Ben Ismaïl, un rapport de la dite commission accusant Khaznadar d'avoir détourné 2 000 obligations représentant deux millions de francs. Les preuves contre Khaznadar sont accablantes et celui-ci doit confesser sa culpabilité. Khaznadar offre alors sa démission et est remplacé par le général Kheireddine.
Albert Robida (1848-1926) ; illustration pour Ali Baba
À Tunis, l'opinion publique est très favorablement impressionnée par ces événements qu'on qualifie alors de révolution. La population manifeste sa joie et des cérémonies d'actions de grâce ont lieu dans toutes les mosquées, la médina de Tunis est illuminée pendant trois jours et les artisans et commerçants des souks témoignent leur reconnaissance envers le bey par l'envoi au Bardo de délégations et de présents. On donne également des courses de chevaux et d'autres réjouissances.
Albert Robida (1848-1926) ; illustration pour Ali Baba
Isolé et haï de tous, Khaznadar meurt le 26 juillet 1878 à Tunis mais se voit inhumé au Tourbet El Bey au cœur de la médina de Tunis. Il est resté dans l'imaginaire collectif des Tunisiens comme l'Ogre qui a pillé les revenus du pays pendant trente ans, en symbolisant la décadence de la monarchie beylicale.
Article librement inspiré d'après Wikipedia
Albert Robida (1848-1926) ; illustration pour Ali Baba
Ndla : Pour ce qui me concerne, je tiens à préciser que je n'ai rien à voir avec cette famille d'Ogres que nous combattons même depuis des siècles...
Albert Robida (1848-1926) ; illustration pour Ali Baba
1 commentaire:
Bravo, Mr Ogre, pour ce conte des mille et une nuits tunisiennes, que je ne connaissais pas ; de plus, les illustrations et la musique sont superbes !
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