Manifestation de soutien à la Tunisie, Paris, 15/01/2011 ; cliché de Yann Renoult
"Ce que nous demandons, c'est l'émergence d'un vrai gouvernement de salut public où siègent toutes les tendances sans aucune exclusive et dont les tâches principales seront :
- l'abolition de toutes les traces de l'ancien pouvoir.
- l'organisation d'élections pour une assemblée constituante qui mettra en place les prémices d'un pouvoir véritablement populaire, donc véritablement démocratique.La lutte du peuple tunisien ne faiblit pas. Il tient à ce qu'on ne lui vole pas sa "révolution"."
Ibn Versus, 1432
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Tunisie: l'impasse française
De Tunis enflammée nous sont parvenues des fragrances diverses, que le romantisme bien-pensant a tôt fait d'agglomérer en un parfum de jasmin facile à vendre aux téléspectateurs. Oeillets, velours, orange, jasmin, safran... Sous l'étiquette des révolutions, la viande est plus ou moins saignante, et la Tunisie aura traversé un hiver dramatique avant de vivre un printemps démocratique. Quand un peuple frôle la guerre civile, quand les milices et les pillards se partagent la nuit, il convient de frémir avant d'applaudir. Il y a une forme d'obscénité occidentale à ne voir que la fête et pas les règlements de comptes, à applaudir le soulèvement sans débusquer les manipulations de palais. En France particulièrement, la complaisance d'aujourd'hui à l'égard de la révolution du Jasmin est presque aussi malhonnête que l'indulgence d'hier envers le régime de Ben Ali. Le marketing des événements est une chose, la réalité de la politique, une autre.
C'est la même clause de style, la même prudence qu'il convient d'appliquer à l'envie d'incendie général, à ce désir puéril de voir les autres nations arabes jouer aux dominos révolutionnaires, dans un "youp la boum !" aventureux. Si cela advient, plus d'un peuple trouvera sur son chemin des tyrans résolus et des sicaires sans pitié, tant le renversement plutôt facile du "benalisme" corrompu et vermoulu ne saurait faire jurisprudence. Sans compter qu'une succession d'insurrections populaires lèverait une terrible tempête de sable géopolitique, qui ne nous épargnerait pas. Quelle serait alors notre réaction : organiser des brigades internationales ou fermer les yeux sur la répression ?
Tout est à revoir d'urgence dans notre stratégie à l'égard du monde arabe. Trop longtemps, la France a toléré et cajolé des autocrates pour éviter les islamistes : "Plutôt Ben Ali que les barbus" est un mot d'ordre obsolète, il faut dresser un autre rempart, dont le progrès et le développement, l'égalité et l'éducation, seront autant de piliers. La dictature est un faux antidote pour l'islamisme, la pauvreté, un vrai dopant. Après l'époque coloniale et l'ère post-coloniale, peut s'ouvrir le temps de la vraie coopération.
Ces dernières décennies, une autre chanson nous a rebattu les oreilles, véritable scie depuis la crise économique : c'est l'Asie, Chine en tête, qui tient en ses mains notre avenir. Monnaie, industrie et culture se mettent au jaune, résolument. Mais le Sud a encore son mot à dire ! Ne pouvant nous façonner par l'économie, il pourrait bien nous contraindre par le politique. Des possibles déferlantes d'immigration clandestine, en cas de cataclysme, aux tentations terroristes, le pire n'est pas sûr, mais il est à envisager. Et si nous en sommes épargnés, si la démocratie se met paisiblement au vert et s'impose à tout le monde musulman, ce sont des peuples affamés de savoirs et de richesses qui se tourneront vers nous. Pour éviter boat people et kamikazes, écoutons les plaintes portées par le vent du Sud et n'oublions pas qu'il peut être une brise ou une brûlure.
Christophe Barbier, publié le 18/01/2011, sur le site de l'Express
Manifestation de soutien à la Tunisie, Paris, 15/01/2011 ; cliché de Yann Renoult
Tunisie : Les signes révélateurs des réels objectifs du pouvoir de l’après Ben Ali
Depuis la fuite de Ben Ali, les signes révélateurs des réels objectifs du pouvoir en place ont été nombreux :
1- Déclaration de la vacance temporaire du pouvoir (Utilisation de l’article 56 au lieu de l’article 57). On peut y voir, clairement, un espoir du pouvoir de voir BEN ALI Revenir. Espoir qui a été certes de courte durée mais révélateur des de l’état d’esprit du pouvoir en place.
2- Diviser pour mieux régner : les attaques des milices ciblaient les régions pauvres et défavorisées sans trop sévir dans les quartiers bourgeois qui sont restés plutôt calme. Objectif : créer une division entre les riches et les pauvres et entre les régions. D’un autre côté, on a vu aussi un usage intelligent et massif des réseaux sociaux pour manipuler les jeunes.
3- L’exclusion de la vraie opposition de ce gouvernement. Ceci est révélateur de la ligne de conduite de ce pouvoir qui n’a pas changé : Je suis seul au pouvoir, je laisse un petit pourboire pour une opposition avide de pouvoir et rien pour les vrais opposants.
4- Silence radio sur le sort des proches de Ben Ali et des Trabelsi. A la place, on nous baratine avec des bijoux et des images de Villas brulées et transformées en musée. pourquoi ce silence ? Ceux qui ont été arrêté et dont-on a aucune nouvelle, est ce que on les a arrêtés pour les traduire en justice ou pour les protégés du peuple et facilité leur fuite ?!
5- Mandat d’arrêt contre Ben Ali et sa famille pour détournement de fond. Après 23 ANS de dictature, le mandat d’arrêt concerne uniquement le détournement de fond ; on oubli la torture, les meurtres des opposants politique, les droits de l’homme bafoués, les victimes des manifestations tuées par des sniper. A noter que le président de Hannabal TV a lui été accusé de haute trahison ! C’est encore un signe révélateur des réels objectifs du pouvoir : Avec cette accusation les chances d’arrestation et d’extradition de Ben Ali sont quasi nulles, Ben Ali coulera surement des jours paisibles, une demande d’asile sera acceptée dans un grand nombre de pays (surtout, bien sur, s’il vient avec les fonds détournés).
6- Dans la presse et la télévision rien n’a changé, tout est toujours sous le contrôle du parti unique au pouvoir. Objectif : cacher l’ampleur des manifestations et marginaliser les manifestants. La propagande et la manipulation sont toujours d’actualité. Le rédacteur en chef du Journal sur TTN est toujours Abdelmotaled Innoubli le même qui, il y a deux mois commençait toutes ces phrases par : « Karrara Al Raiis Zine El Abidine Ben Ali… ».
7- Censure dans les médias de la vraie opposition : PCR, PCOT, etc qui s’exprime presque exclusivement sur les médias étranger, principalement, Al arabiya et Al jazeera.
8- Les pratiques du RCD persistent : attaques des manifestants, incitation à la violence envers les manifestants en proposant de l’argent et de la drogue et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
9- Rien n’a changé au ministère de l’intérieur et rien n’est envisagé, pourtant c’est là ou il y a une réelle urgence d’une purge totale. Les agressions sur les manifestants et surtout sur les journalistes tunisiens continuent. La police politique existe toujours et personne ne parle de sa dissolution.
10- Des mesures économiques bidons (Allocation chômage, indemnisation des blessés) ont été annoncées pour acheter et calmer les plus pauvres qui sont, aujourd’hui, les plus farouchement opposés à ce gouvernement.
11- Enfin, ce gouvernement n’agit pas mais réagit sous la contrainte de la rue. De plus, les actions entreprises sont parfois qu’une parade pour tenter de calmer la grogne. Encore un signe révélateur de l’absence d’une réelle bonne volonté de ce pouvoir à opérer des vrais changements. Son objectif : faire croire que la dictature est finie, pour rester au pouvoir.
Dans la suite de la phase de transition, nous devons rester vigilants pour déceler, à travers des actions de ce pouvoir, ses réelles intentions, en voici quelques exemples :
1- Faire semblant de couper des têtes (les plus visibles, les plus mouillées), pour assouvir les envies de vengeance et calmer le peuple sans pour autant faire le vrai ménage car le but ce n’est pas d’abandonner le pouvoir à des gens n’ayant pas la même idée de la Tunisie que le RCD. Une dictature ne s’autodétruit pas.
2- Avec le retour imminent de Rached Ghannouchi, on verra rapidement brandir la menace de l’islamisme : Attention, vous avez chassé un dictateur et voilà le résultat, maintenant les islamistes sont là !!! Installer la peur permet de procéder à une réduction progressive des libertés.
3- Pour les élections présidentielles, ce pouvoir va nous sortir un candidat (par exemple de l’opposition docile et avide de pouvoir) qui acceptera de traiter avec eux : le Pouvoir contre une clémence envers les corrompus de l’ancien régime. Cette hypothèse est probable et le risque de revoir le même système revenir avec une nouvelle tête est réel, surtout après le soutient ostentatoire, affiché par les américains, envers ce gouvernement. Ces derniers, ne veulent surtout pas voir le pouvoir aux mains de personne anti-américain et anti-Israël. Changer le dictateur il le fallait, son règne touché à sa fin de toute façon, mais il faut garder son système loyal aux états unis et à Israël.
4- Discréditer la vraie opposition : ce pouvoir s’attèlera à les discréditer et à nuire à leurs réputations et cela par tous les moyens et sous l’œil vigilant des américains et des israéliens. N’oublions pas qu’il y a une communauté de 50 000 Juifs tunisiens ayant parfois la nationalité Israélienne, Les américains et les israéliens prendront-ils le moindre risque quant au sort et à la sécurité de cette communauté face à la menace islamiste ?
5- Manipulation électorale : De toute évidence, il est inconcevable que ce pouvoir joue le jeu lors des prochaines élections au risque de perdre le pouvoir. Il fera usage de diverses moyens et ruses pour s’assurer de gagner les élections sans pourtant les truquer. Je citerai un risque majeur face auquel les tunisiens se trouveront confrontés : L’idée va consister, sous couvert de bonnes intentions démocratique, de régulariser tous les partis politiques et de les encourager à se présenter aux élections présidentielles. Par la suite, ce pouvoir fera usage de son monopole des médias pour brouiller et diviser les tunisiens autour des différents candidats tout en favorisant, discrètement, leur propre candidat. Les objectifs de cette manœuvre sont les suivants :
- Éviter qu’un candidat de l’opposition fasse l’unanimité.
- Diviser les tunisiens pour disperser les votes sur le maximum de candidats possible
Dans ces conditions, il n’y a plus de majorité et le vainqueur sera la plus grande minorité. Avec plus de 2 millions d’adhérents, le RCD sera demain, sans aucun doute, une minorité très importante et peut prétendre passer le premier tour des élections sans encombre.
Pour conclure, il est clair que la dictature n’est pas encore morte et enterrée mais plutôt gravement blessée et bien affaiblie. Le peuple tunisien qui lui a porté ce coup extraordinaire doit finir le travail. Jusque là, ce pouvoir a fait et continu de faire une grave erreur : sous estimer l’obstination des tunisiens à en finir avec la dictature. J’espère que cette erreur causera sa perte !
Ne soyons pas DUPE, ne tombons pas dans leurs pièges et pensons avant tout à l’intérêt général.
Amine Basli, 28/11/2011, sur le site de Nawat
Manifestation de soutien à la Tunisie, Paris, 15/01/2011 ; cliché de Yann Renoult
Tunisie : Mohamed Ghannouchi face à la révolte silencieuse d’un peuple
Après le renversement du tyran Ben Ali et le démantèlement des clans mafieux, se joue un nouveau rapport de force : un peuple qui descend chaque jour dans la rue et montre sa détermination à liquider toute trace du parti unique face à un inamovible premier ministre, Mohamed Ghannouchi, tâché d’illégitimité et refusant de travailler dans l’urgence avec le peuple sous le balcon. Son gouvernement de « petite ouverture » se contente d’effets d’annonce et de timides garanties délivrées au compte-gouttes. En cela, il est vrai qu’il ne reflète ni l’audace d’un peuple, ni ses aspirations à être enfin entendu.
Le mouvement s’enlise. Ghannouchi et son gouvernement sont maintenant animés par une seule obsession : refermer la parenthèse des révoltes populaires. Toutes les décisions et les prises de parole convergent vers cet objectif : trois jours de deuil national sont décrétés alors que les manifestations se poursuivent, les Tunisiens se voient félicités pour cette “véritable révolution” alors que le RCD réel sévit encore dans toutes les strates des administrations et à toutes les échelles. Ghannouchi pousse le cynisme jusqu’à jouer la carte de l’empathie en se faisant passer pour un Tunisien comme un autre, sous-entendu attentiste, docile et fataliste. Pourtant, celui qui a mis en œuvre, depuis onze ans, la politique de Ben Ali n‘est aucunement comparable au Tunisien surdiplômé contraint de vendre des figues de Barbarie, ni comparable à celui qui a trépassé dans les sous-sols du ministère de l’Intérieur pour ses idées politiques.
Cet acharnement à mettre fin à ce « mouvement national pour la liberté » est relayé jusqu’à la télévision tunisienne. Celle-ci a beau changer de logo et faire mine de renouer avec la liberté d’expression, le naturel revient au galop. Les derniers reportages couvrant les manifestations délivrent un message sans équivoque : il faut reprendre le travail. Les journaux télévisés mettent en scène une page de l’histoire qui viendrait de se tourner et fige irrémédiablement ce mouvement de lutte. Des images passent en boucle des pères de famille souhaitant la reprise du travail et des enfants soulagés de retrouver leurs camarades et de ne pas perdre une année. Toute poursuite du mouvement est ainsi discréditée. La trahison du mouvement et du sacrifice ultime des morts pour la liberté est ostensiblement étalée au grand jour par ceux qui ne veulent pas perdre de points de PIB ou veulent décrocher le baccalauréat cette année, comme si leur avenir ne se jouait pas aujourd’hui.
Il faut croire que ces révoltes doivent se poursuivre comme elles ont commencé, c’est-à-dire sans couverture médiatique. Peut-être achèveront-t-elles ainsi, dans le silence des ondes, le processus de refondation du pouvoir.
Mehdi Zorgati, 28/01/2011, sur le site de Nawat
Manifestation de soutien à la Tunisie, Paris, 15/01/2011 ; cliché de Yann Renoult
Quelle révolution pour la Tunisie ?
En ouvrant les portes d'une histoire désormais «inscrite dans la mondialisation», les Tunisiens peuvent enclencher l'invention «de nouvelles structures démocratiques», l'invention d'un nouvel Etat. Par Thi Minh-Hoang Ngo, historienne, IRSEA (Université de Provence).
En protestant contre la vie chère et le chômage, le peuple tunisien a fait entendre en force ses histoires individuelles et collectives, réprimées par l'histoire de l'Etat-nation qui s'est construite depuis la décolonisation et l'indépendance de la Tunisie en 1956. Révoltes de désespoir, contre l'injustice devenue insupportable, que les fragilités de l'Etat Ben Ali et la répression policière ont transformées en actes éminemment politiques. En se révoltant, les Tunisiens, en particulier les jeunes, ouvrent l'histoire, une histoire inscrite dans la mondialisation qui favorise la contestation de l'Etat sous de multiples formes, notamment en utilisant les réseaux sociaux. Les révoltes des Tunisiens, c'est l'histoire d'une nation sans l'Etat, d'une démocratie qui s'ouvre et qu'il reste à inventer, en dépassant le modèle post-colonial occidental pour s'inscrire dans le monde globalisé du XXIe siècle, favorable à des échanges fructueux et à de nouvelles idées.
Faire la révolution
Parce qu'elles répondent à un Etat en déliquescence, les révoltes des Tunisiens ont une dimension révolutionnaire. Mais la révolution ne consiste pas seulement en des révoltes spontanées ayant fait fuir un dictateur. Elle implique qu'un nouvel Etat se construise, avec la participation de la société civile et du peuple.
L'Etat tunisien post-colonial, incarné par le chef historique de l'indépendance, Habib Bourguiba, puis par Ben Ali, a été le fruit d'un processus hybride de formation où se mêlaient la modernité occidentale, symbolisée par la laïcisation de la société, et un système politique fondé sur le clan et la famille. C'est ce processus hybride de formation de l'Etat que n'ont pas vu les chancelleries françaises, bercées par l'illusion identitaire et la croyance en une histoire post-coloniale qui finirait avec la modernité occidentale.
En Chine, à la veille de l'avènement du régime communiste, les révoltes paysannes et l'atmosphère révolutionnaire qui s'ensuivit n'avaient pas suffi à créer une révolution. Il aura fallu un processus de formation de l'Etat par les communistes, qui commença dans les bases de résistance anti-japonaise (1937-1945), par la mobilisation, la politisation et avec la participation du peuple chinois, en particulier des paysans. Le Parti communiste chinois disposait ainsi non seulement d'une certaine légitimité, mais implantait également l'Etat dans la société et dans les cœurs, jusqu'aux dérives maoïstes de la collectivisation agraire. C'est cette légitimité historique liée à la révolution qui explique notamment la durée de l'Etat-parti chinois aujourd'hui.
Pour que les révoltes de Tunisie aboutissent à un avenir meilleur, il y faut de nouvelles élites au pouvoir, capables de penser une révolution et l'émergence d'un Etat inventant de nouvelles structures démocratiques, puisant dans les idées issues des différentes rencontres à la faveur de la mondialisation, pour également atténuer les effets de celle-ci sur l'injustice sociale. La Tunisie marquerait dès lors durablement le XXIe siècle en faisant émerger d'autres histoires que l'Histoire occidentale que les révoltes des Tunisiens ont contribué à mettre en questions.
Thi Minh-Hoang Ngo, 28/01/2011 sur le site de Mediapart
Manifestation de soutien à la Tunisie, Paris, 15/01/2011 ; cliché de Yann Renoult
Tunisie : Pourquoi pas un Comité de salut public ?
Le 27 janvier, M. Ghannouchi a annoncé le remaniement ministériel demandé par la majeure partie de la population qui exigeait le départ des anciens collaborateurs du régime de Ben Ali. Alors que son départ aussi était attendu, il s’est maintenu à la tête de cette nouvelle formation promettant des élections libres dans les mois à venir.
A l’heure où le débat sur le changement de la constitution et le choix du régime politique pour gouverner le pays bat son plein, le gouvernement de M. Ghannouchi, dans sa forme actuelle ne permet aucune lecture d’une ligne politique claire et définie. En maintenant les mêmes institutions, les mêmes structures et surtout la même forme de gouvernance, ce gouvernement peut-il réellement se prétendre gouvernement de transition démocratique ? Ne se dirige-t-il pas subtilement vers un nouveau gouvernement benalien ?
Le 27 janvier, M. Ghannouchi a annoncé le remaniement ministériel demandé par la majeure partie de la population qui exigeait le départ des anciens collaborateurs du régime de Ben Ali. Alors que son départ aussi était attendu, il s’est maintenu à la tête de cette nouvelle formation promettant des élections libres dans les mois à venir.
A l’heure où le débat sur le changement de la constitution et le choix du régime politique pour gouverner le pays bat son plein, le gouvernement de M. Ghannouchi, dans sa forme actuelle ne permet aucune lecture d’une ligne politique claire et définie. En maintenant les mêmes institutions, les mêmes structures et surtout la même forme de gouvernance, ce gouvernement peut-il réellement se prétendre gouvernement de transition démocratique ? Ne se dirige-t-il pas subtilement vers un nouveau gouvernement benalien ?
Actuellement la Tunisie a besoin d’une certaine stabilité politique pour pouvoir s’acheminer sereinement vers les échéances qui attendent les Tunisiens et faire face aux énormes défis qui se posent.
La Tunisie ne vit pas une révolte mais une véritable révolution qui doit balayer l’ancien régime en arrachant ses racines les plus profondes. Se cramponner aux structures de l’ancien régime et à sa constitution semble inutile et totalement anachronique.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire qu’il est impossible d’avoir des élections présidentielles dans les 45 jours à venir.
A cette date, le Président par intérim ainsi que le gouvernement actuel qui, pour une grande frange de la population ne possèdent actuellement pas de légitimité, n’auront plus aucune légitimité constitutionnelle.
Alors que faire ?
M. Mebazza et M. Ghannouchi devraient faire preuve de sagesse en se retirant et en laissant la place à un Comité de salut public, composé de trois ou quatre personnalités notoires, sérieuses et intègres n’ayant pas été compromises avec l’ancien régime.
Ce comité de salut public aura la charge :
- de former un gouvernement de technocrates pour gérer le pays.
- d’organiser les élections pour former une Assemblée constituante.
L’élection de cette Assemblée devra avoir lieu très rapidement, c’est-à-dire dans les deux mois. Elle sera composée à hauteur de 50% de corps constitués (seront représentés l’UTICA avec ses différents secteurs, les agriculteurs, l’UGTT avec ses différentes sections, l’UNFT, les avocats, les médecins, les journalistes,étudiants etc. et de 50% d’élus du peuple au suffrage universel.
Le rôle de cette Assemblée sera :
- d’organiser des élections pour choisir son Président
- d’élaborer une nouvelle Constitution
-Un rôle législatif
Une fois cette assemblée constituante élue, le comité de salut public sera dissous et le président de cette Assemblée assurera en même temps la fonction de Chef du gouvernement tunisien par intérim. Il lui reviendra la tâche de nommer un gouvernement.
Dès que la Constitution sera prête et qu’un nouveau code électoral sera établi, nous procèderons alors à des élections législatives ou présidentielle en fonction de la forme de gouvernance que la constitution aura déterminée.
Fatma Benmosbah , 29/01/2011 sur le site de Nawat
Traité de protectorat conclu entre la France et la Tunisie ; 12 mai 1881 (extrait)
Beau travail ami ogre !
RépondreSupprimerPantagruel de Pamparigouste
... Merci ...
RépondreSupprimerCet article était juste à défaut de faire plus... comme d'aller fouiller les ruines de Carthage... comme paléontologue...