Ce matin, au jardin, j'ai cueilli des roses
Et je craignais d'être vu par le jardinier.
Je l'entendis me dire avec douceur :
« Qu'est-ce que des fleurs ? Je te donne tout le jardin. »
Si le vent agite les boucles de tes cheveux
La lune te souhaitera longue vie dans tous les cœurs.
O donneur de conseils ! Tu oublieras toi-même et tes conseils
S'il arrive à ton âme ce que ton cœur a goûté.
Mes lèvres ne s'ouvrent pas sans tes lèvres
Et l'origine des paroles n'existe pas sans tes lèvres.
Dieu a fermé la porte de mon cœur, en l'absence de tes lèvres.
Il m'a dit : « N'ouvre pas tes lèvres en l'absence de ses lèvres. »
Ton amour apporte la guérison du monde
La séparation d'avec toi est telle l'heure de la mort, elle emporte l'âme.
Ce cœur qu'on n'échangerait pas pour cent mille âmes,
Avec un sourire de toi les emporte gratuitement.
Je veux tenir un langage sans paroles,
Un langage secret pour toutes les oreilles
Nul, sauf toi, n'entendra ce que j'ai à dire,
Quoique je le dise au sein de la foule des gens.
Crois-moi, l'amour est une action noble
S'il y a un défaut, c'est que la nature de l'esprit est mauvaise.
Tu donnes le nom d'amour à ta sensualité :
Il y a bien du chemin entre la sensualité et l'amour !
Dans la roseraie je sens le parfum de tes lèvres
Je vois ta couleur dans la tulipe et le jasmin.
S'il n'en était pas ainsi, j'ouvrirais mes lèvres
Afin qu'elles disent ton nom, et que je l'écoute.
Ma Bien-Aimée m'a dit : « Si tu veux acheter
Les baisers de chaque bien-aimée, achète-les à moi-même. »
J'ai dit : « Avec de l'or ? » Elle répondit : « Que ferais-je de l'or ? »
J'ai dit : « Avec mon âme ? » Elle répondit : « oui, oui. »
Au moment où mon essence se transformera en océan universel
La beauté des atomes sera pour moi lumineuse.
C'est pourquoi je brûle comme la chandelle, afin que, dans la voie de l'amour,
Tous les instants pour moi deviennent un seul instant.
Djalâl-Od-Dîn Rûmî* (1207-1273) ; Rubâi'yât :
*Mystique musulman persan qui a profondément influencé le soufisme. Il existe une demi-douzaine de transcriptions du prénom Djalal-el-dine, « majesté de la religion » (de djalal, majesté, et dine, religion, mémoire, culte). Il reçut très tôt le surnom de khodâvendegâr, ou mawlânâ khodâvendegâr ou mevlânâ, qui signifie « notre maître ». Son nom est intimement lié à l'ordre des « derviches tourneurs » ou mevlevis, une des principales confréries soufies de l'Islam, qu'il fonda dans la ville de Konya en Turquie.
Après Rimbaud, Rûmî, tout un luxe
RépondreSupprimer... Certes, et merci pour l'idée de luxe ... Mais vous aurez noté que dans l'intervalle, il m'a fallut aller me dégourdir les jambes ...
RépondreSupprimerC'est terriblement important pour un Ogre que de s'en aller se dégourdir de temps en temps ...
... Bien à vous ...
et fourbir les armes
RépondreSupprimerthé
Un petit côté " roses de Saadi", contente de découvrir ce texte!
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