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Qui ordonne que les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé,
Encyclopédie,ou Dictionnaire raisonné des Sciences, Arts & Métiers,
par une Société de gens de Lettres,
seront & demeureront supprimés.
Du 7 février 1752.
Extrait des registres du Conseil d’État.
Le Roi s’étant fait rendre compte de ce qui s’est passé au sujet d’un ouvrage intitulé, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts & des Métiers, par une Société de gens de Lettres, dont il n’y a encore que deux volumes imprimés ; Sa Majesté a reconnu, que dans ces deux volumes on a affecté d’insérer plusieurs maximes tendantes à détruire l’autorité royale, à établir l’esprit d’indépendance & de révolte, &, sous des termes obscurs & équivoques, à élever les fondements de l’erreur, de la corruption des mœurs, de l’irréligion & de l’incrédulité : Sa Majesté, toujours attentive à ce qui touche l’ordre public & l’honneur de la religion, a jugé à propos d’interposer son autorité, pour arrêter les suites que pourraient avoir des maximes si pernicieuses répandues dans cet ouvrage ; à quoi voulant pourvoir.
Ouï le rapport, LE ROI ÉTANT EN SON CONSEIL, de l’avis de Monsieur le chancelier, a ordonné & ordonne que les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, Arts & Métiers, par une Société de gens de Lettres, seront & demeureront supprimés.
Fait très expresses inhibitions & défenses à tous imprimeurs, libraires & autres, de réimprimer ou faire réimprimer lesdits deux volumes ; comme aussi de vendre, débiter, ou autrement distribuer les exemplaires imprimés qui leur restent, à peine de mille livres d’amende, & de telle autre peine qu’il appartiendra ; même en ce qui concerne les imprimeurs & libraires, à peine de déchéance & de privation de la maîtrise. Et sera le présent arrêt, lu, publié & affiché partout où besoin sera.
Fait au Conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles, le sept février mil sept cent cinquante-deux.
Signé M. P. de Voyer d’Argenson.
Document original de l'encyclique " Damnatio et Prohibitio" du pape Clément XIII Ut Primum, condamnant l'Encyclopédie ;
septembre 1759
LIVRE, s. m. (Littér.) écrit composé par quelque personne intelligente sur quelque point de science, pour l’instruction & l’amusement du lecteur. On peut encore définir un livre, une composition d’un homme de lettres, faite pour communiquer au public & à la postérité quelque chose qu’il a inventée, vûe, expérimentée, & recueillie, & qui doit être d’une étendue assez considérable pour faire un volume. Voyez VOLUME.
En ce sens, un livre est distingué par la longueur d’un imprimé ou d’une feuille volante, & d’un tome ou d’un volume comme le tout est de sa partie ; par exemple, l’histoire de Grece de Temple Stanyan, est un fort bon livre, divisé en trois petits volumes.
Isidore met cette distinction entre liber & codex, que le premier marque particulierement un ouvrage séparé, faisant seul un tout à part, & que le second signifie une collection de livres ou d’écrits. Isid. orig. lib. VI. cap. xiij. M. Scipion Maffei prétend que codex signifie un livre de forme quarrée, & liber un livre en forme de registre. Voyez Maffei, histor. diplom. lib. II. bibliot. italiq. tom. II. p. 244. Voyez aussi Saalbach, de lib. veter. parag. 4. Reimm. idea system. ant. litter. pag. 230.
Selon les anciens, un livre différoit d’une lettre non seulement par sa grosseur, mais encore parce que la lettre étoit pliée, & le livre seulement roulé. Voyez Pitisc. L. ant. tom. II. pag. 84. voc. libri. Il y a cependant divers livres anciens qui existent encore sous le nom de lettres : tel est l’art poëtique d’Horace. Voyez ÉPITRE, LETTRE.
On dit un vieux, un nouveau livre, un livre grec, un livre latin ; composer, lire, publier, mettre au jour, critiquer un livre ; le titre, la dédicace, la préface, le corps, l’index ou la table des matieres, l’errata d’un livre. Voyez PRÉFACE, TITRE &c.
Collationner un livre, c’est examiner s’il est correct, si l’on n’en a pas oublié ou transposé les feuillets, s’il est conforme au manuscrit ou à l’original sur lequel il a été imprimé.
Les relieurs disent, plier ou brocher, coudre, battre, mettre en presse, couvrir, dorer, lettrer un livre. Voyez RELIURE.
Une collection considérable de livres pourroit s’appeller improprement une librairie : on la nomme mieux bibliotheque. Voyez LIBRAIRIE & BIBLIOTHEQUE. Un inventaire de livres fait à dessein d’indiquer au lecteur un livre en quelque genre que ce soit, s’appelle un catalogue. Voyez CATALOGUE.
Cicéron appelle M. Caton hellus librorum, un dévoreur de livres. Gaza regardoit les livres de Plutarque, & Hermol. Barbaro ceux de Pline comme les meilleurs de tous les livres. Gentsken, hist. philos. pag. 130. Harduin. proefat. ad Plin.
Barthol. de libr. legend. dissert. III. pag. 66. a fait un traité sur les meilleurs livres des auteurs : selon lui, le meilleur livre de Tertullien est son traité de pallio : de S. Augustin, la cité de Dieu : d’Hippocrate, coacae praenotiones : de Cicéron, le traité de officiis : d’Aristote, de animalibus : de Galien, de usu partium : de Virgile, le sixieme livre de l’Énéïde : d’Horace, la premiere & la septieme de ses Épîtres : de Catulle, Coma Berenices : de Juvenal, la sixieme satyre : de Plaute, l’Epidicus : de Théocrite, la vingt septieme Idylle : de Paracelse, chirurgia : de Séverinus, de abcessibus : de Budé, les Commentaires sur la langue gréque : de Joseph Scaliger, de emendatione temporum : de Bellarmin, de scriptoribus ecclesiasticis : de Saumaise, exercitationes Plinianoe : de Vossius, institutiones oratorioe : d’Heinsius, aristharous sacer : de Casaubon, exercitationes in Baronium.
Il est bon toutefois d’observer que ces sortes de jugemens, qu’un auteur porte de tous les autres, sont souvent sujets à caution & à reforme. Rien n’est plus ordinaire que d’apprécier le mérite de certains ouvrages, qu’on n’a pas seulement lûs, ou qu’on préconise sur la foi d’autrui.
Il est néanmoins nécessaire de connoître par soi-même, autant qu’on le peut, le meilleur livre en chaque genre de Littérature : par exemple, la meilleure Logique, le meilleur Dictionnaire, la meilleure Physique, le meilleur Commentaire sur la Bible, la meilleure Concordance des Évangelistes, le meilleur Traité de la religion chrétienne, &c. par ce moyen on peut se former une bibliotheque composée des meilleurs livres en chaque genre. On peut, par exemple, consulter pour cet effet, le livre de Pople, intitulé, censura celebrium auctorum, où les ouvrages des plus considérables écrivains & des meilleurs auteurs en tout genre sont exposés : connoissance qui conduit à en faire un bon choix. Mais pour juger de la qualité d’un livre, il faut selon quelques-uns, en considérer l’auteur, la date, les éditions, les traductions, les commentaires, les épitomes qu’on en a faits, le succès, les éloges qu’il a mérités, les critiques qu’on en a faites, les condamnations ou la suppression dont on l’a flétri, les adversaires ou les défenseurs qu’il a eus, les continuateurs, &c.
Portrait présumé de Giuseppe Baretti, peinture de Pierre Subleyras [s.d.]
L’histoire d’un livre renferme ce que ce livre contient, & c’est ce qu’on appelle ordinairement extrait ou analyse, comme font les journalistes ; ou ses accessoires, ce qui regarde les littérateurs & les bibliothécaires. Voyez JOURNAL.
Le corps d’un livre consiste dans les matieres qui y sont traitées ; & c’est la partie de l’auteur : entre ces matieres il y a un sujet principal à l’égard duquel tout le reste est seulement accessoire.
Les incidens accessoires d’un livre sont le titre, l’épître dédicatoire, la préface, les sommaires, la table des matieres, qui sont la partie de l’éditeur ; à l’exception du titre, de la premiere page ou du frontispice, qui dépend quelquefois du libraire. Voyez TITRE.
Les sentimens doivent entrer dans la composition d’un livre, & en être le principal fondement : la méthode ou l’ordre des matieres doivent y régner ; & enfin, le style qui consiste dans le choix & l’arrangement des mots, est comme le coloris qui doit être répandu sur le tout. Voyez SENTIMENT, STYLE, MÉTHODE.
On attribue aux Allemands l’invention des histoires littéraires, comme les journaux, les catalogues, & autres ouvrages, où l’on rend compte des livres nouveaux ; & un auteur de cette nation (Jean-Albert Fabricius) dit modestement que ses compatriotes sont en ce genre supérieurs à toutes les autres nations. Voyez ce qu’on doit penser de cette prétention au mot JOURNAL. Cet auteur a donné l’histoire des livres grecs & latins : Wolfius celle des livres hébreux : Boëcler celle des principaux livres de chaque science : Struvius celle des livres d’Histoire, de Lois & de Philosophie : l’abbé Fabricius celle des livres de sa propre bibliotheque : Lambecius celle des livres de la bibliotheque de Vienne : Lelong celle des livres de l’Écriture : Mattaire celle des livres imprimés avant 1550. Voyez Reimm. Bibl. acroam. in proefat. parag. 1. pag. 3 : Bos. ad not. script. eccles. cap. iv. parag. xiij. pag. 124. & seq. Mais à cette foule d’auteurs, sans parler de la Croix-du-Maine, de Duverdier, de Fauchet, de Colomiez, & de nos anciens bibliothécaires, ne pouvons-nous pas opposer MM. Baillet, Dupin, dom Cellier, les auteurs du Journal des savans, les journalistes de Trévoux, l’abbé Desfontaines, & tant d’autres, que nous pourrions revendiquer, comme Bayle, Bernard, Basnage, &c ?
Portrait d'une vieille femme, probablement la mère de Rembrandt ; peinture de Rembrandt [s.d.]
Brûler un livre : sorte de punition & de flétrissure fort en usage parmi les Romains : on en commettoit le soin aux triumvirs, quelquefois aux préteurs ou aux édiles. Un certain Labienus, que son génie tourné à la satyre fit surnommer Rabienus, fut, dit-on, le premier contre les ouvrages duquel on sévit de la sorte. Ses ennemis obtinrent un senatûs-consulte, par lequel il fut ordonné que tous les ouvrages qu’avoit composés cet auteur pendant plusieurs années, seroient recherchés pour être brûlés : chose étrange & nouvelle, s’écrie, Séneque, sévir contre les Sciences ! Res nova & insueta, supplicium de studiis sumi ! exclamation au reste froide & puérile ; puisqu’en ces occasions ce n’est pas contre les Sciences, mais contre l’abus des Sciences que sévit l’autorité publique. On ajoute que Cassius Servius ami de Labienus, entendant prononcer cet arrêt, dit qu’il falloit aussi le brûler, lui qui avoit gravé ces livres dans sa mémoire : nunc me vivum comburi oportet, qui illos didici ; & que Labienus ne pouvant survivre à ses ouvrages, s’enferma dans le tombeau de ses ancêtres, & y mourut de langueur. Voyez Tacit. in agric. cap. ij. n. j. Val. Max. lib. I. cap. j. n. xij. Tacit. Annal. lib. IV. c. xxxv. n. iv. Seneq. Controv. in proefat. parag. 5. Rhodig. antiq. Lect. cap. xiij. lib. II. Salm. ad Pamirol. tom. I. tit. xxij. pag. 68. Pitiscus, Lect. antiq. tom. II. pag. 84. On trouve plusieurs autres preuves de cet usage de condamner les livres au feu dans Reimm. Idea system. ant. litter. pag. 389. & suiv.
A l’égard de la matiere des livres, on croit que d’abord on grava les caracteres sur de la pierre ; témoins les tables de la loi données à Moïse, qu’on regarde comme le plus ancien livre dont il soit fait mention : ensuite on les traça sur des feuilles de palmier, sur l’écorce intérieure & extérieure du tilleul, sur celle de la plante d’Egypte nommée papyrus. On se servit encore de tablettes minces enduites de cire, sur lesquelles on traçoit les caracteres avec un stilet ou poinçon, ou de peaux, sur-tout de celles des boucs & des moutons dont on fit ensuite le parchemin. Le plomb, la toile, la soie, la corne, & enfin le papier, furent successivement les matieres sur lesquelles on écrivit. V. Calmet, Dissert. I. sur la Gen. Comment. t. I. diction. de la Bible, t. l. p. 316. Dupin, Libr. Dissert. IV. pag. 70. hist. de l’acad. des Inscript. Bibliot. ecles. tom. XIX. p. 381. Barthole, de legend. t. III. p. 103. Schwatrz, de ornam. Libr. Dissert. I. Reimm. Idea Sep. antiq. Litter. pag. 235. & 286. & suiv. Montfaucon, Paleogr. liv. II. chap. viij. p. 180. & suiv. Guiland, papir. memb. 3. Voyez l’article PAPIER.
Les parties des végétaux furent long-tems la matiere dont on faisoit les livres, & c’est même de ces végétaux que sont pris la plûpart des noms & des termes qui concernent les livres, comme le nom grec biblos : les noms latins folium, tabuloe, liber, d’où nous avons tiré feuillet, tablette, livre, & le mot anglois book. On peut ajoûter que cette coûtume est encore suivie par quelques peuples du nord, tels que les Tartares Kalmouks, chez lesquels les Russiens trouverent en 1721 une bibliotheque dont les livres étoient d’une forme extraordinaire. Ils étoient extrêmement longs & n’avoient presque point de largeur. Les feuillets étoient fort épais, composés d’une espece de coton ou d’écorces d’arbres, enduit d’un double vernis, & dont l’écriture étoit blanche sur un fond noir. Mém. de l’acad. des Bell. Lettr. tom. V. pag. 5. & 6.
Les premiers livres étoient en forme de bloc & de tables dont il est fait mention dans l’écriture sous le nom de sepher, qui a été traduit par les Septante aconhs, tables quarrées. Il semble que le livre de l’alliance, celui de la loi, le livre des malédictions, & celui du divorce ayent eu cette forme. Voyez les Commentaires de Calmet sur la Bible.
Quand les anciens avoient des matieres un peu longues à traiter, ils se servoient plus commodément de feuilles ou de peaux cousues les unes au bout des autres, qu’on nommoit rouleaux, appellés pour cela par les Latins volumina, & par les Grecs xouiaxa, coûtume que les anciens Juifs, les Grecs, les Romains, les Perses, & même les Indiens ont suivie, & qui a continué quelques siecles après la naissance de Jesus-Christ.
La forme des livres est présentement quarrée, composée de feuillets séparés ; les anciens faisoient peu d’usage de cette forme, ils ne l’ignoroient pourtant pas. Elle avoit été inventée par Attale, roi de Pergame, à qui l’on attribue aussi l’invention du parchemin. Les plus anciens manuscrits que nous connoissions sont tous de cette forme quarrée, & le P. Montfaucon assure que de tous les manuscrits grecs qu’il a vûs, il n’en a trouvé que deux qui fussent en forme de rouleau. Paleograp. groec. lib. I. ch. iv. p. 26. Reimm. idea system. antiq. litter. pag. 227. Item pag. 242. Schwartz, de ornam. lib. Dissert. II. Voyez l’article RELIURE .
Ces rouleaux ou volumes étoient composés de plusieurs feuilles attachées les unes aux autres & roulées autour d’un bâton qu’on nommoit umbilicus, qui servoit comme de centre à la colonne ou cylindre que formoit le rouleau. Le côté extérieur des feuilles s’appelloit frons, les extrémités du bâton se nommoient cornua, & étoient ordinairement décorés de petits morceaux d’argent, d’ivoire, même d’or & de pierres précieuses ; le mot sullabos étoit écrit sur le côté extérieur. Quand le volume étoit déployé, il pouvoit avoir une verge & demie de large sur quatre ou cinq de long. Voyez Salmuth ad Pancirol. part. I. tit. XLII. pag. 143. & suiv. Wale parerg. acad. pag. 72. Pitrit l. ant. tom. II. pag. 48. Barth. advers. l. XXII. c. 28. & suiv. Idem pag. 251. auxquels on peut ajoûter plusieurs autres auteurs qui ont écrit sur la forme & les ornemens des anciens livres rapportés dans Fabricius, Bibl. antiq. chap. xix. § ; 7. pag. 607.
A la forme des livres appartient aussi l’arrangement de leur partie intérieure, ou l’ordre & la disposition des points ou matieres, & des lettres en lignes & en pages, avec des marges & d’autres dépendances. Cet ordre a varié ; d’abord les lettres étoient seulement séparées en lignes, elles le furent ensuite en mots séparés, qui furent distribués par points & alinea, en périodes, sections, paragraphes chapitres, & autres divisions. En quelques pays, comme parmi les orientaux, les lignes vont de droite à gauche ; parmi les peuples de l’occident & du nord, elles vont de gauche à droite. D’autres, comme les Grecs, du moins en certaines occasions, écrivoient la premiere ligne de gauche à droite, la seconde de droite à gauche, & ainsi alternativement. Dans d’autres pays les lignes sont couchées de haut en bas à côté les unes des autres, comme chez les Chinois. Dans certains livres les pages sont entieres & uniformes, dans d’autres elles sont divisées par colonnes ; dans quelques-uns elles sont divisées en texte & en notes, soit marginales, soit rejettées au bas de la page. Ordinairement elles portent au bas quelques lettres alphabétiques qui servent à marquer le nombre des feuilles, pour connoître si le livre est entier. On charge quelquefois les pages de sommaires ou de notes : on y ajoûte aussi des ornemens, des lettres initiales, rouges, dorées, ou figurées ; des frontispices, des vignettes, des cartes, des estampes, &c. A la fin de chaque livre on met fin ou finis ; anciennement on y mettoit un < appellé coronis, & toutes les feuilles du livre étoient lavées d’huile de cèdre, ou parfumées d’écorce de citron, pour préserver les livres de la corruption. On trouve aussi certaines formules au commencement ou à la fin des livres, comme parmi les Juifs, esto fortis, que l’on trouve à la fin de l’exode, du Lévitique, des nombres, d’Ezéchiel, par lesquels on exhorte le lecteur (disent quelques uns) à lire les livres suivans. Quelquefois on trouvoit à la fin des malédictions contre ceux qui falcifieroient le contenu du livre, & celle de l’apocalypse en fournit un exemple. Les Mahométans placent le nom de Dieu au commencement de tous leurs livres, afin d’attirer sur eux la protection de l’Être suprême, dont ils croyent qu’il suffit d’écrire ou de prononcer le nom pour s’attirer du succès dans ses entreprises. Par la même raison plusieurs lois des anciens empereurs commençoient par cette formule, In nomine Dei. V. Barth. de libr. legend. Dissert. V. pag. 106. & suiv. Montfaucon Paleogr. lib. I. c. xl. Remm. Idea system. antiq. litter. p. 227. Schwart de ornam. libror. Dissert. II. Remm. Id. system. pag. 251. Fabricius Bibl. groec. lib. X. c. v. p. 74. Revel. c. xxij. Alkoran, sect. III. pag. 59. Barthol. lib. cit. pag. 117.
A la fin de chaque livre les Juifs ajoûtoient le nombre de versets qui y étoient contenus, & à la fin du Pentateuque le nombre des sections, afin qu’il pût être transmis dans son entier à la postérité ; les Massoretes & les Mahométans ont encore fait plus. Les premiers ont marqué le nombre des mots, des lettres, des versets & des chapitres de l’ancien Testament, & les autres en ont usé de même à l’égard de l’alcoran.
Les dénominations des livres sont différentes, selon leur usage & leur autorité. On peut les distinguer en livres humains, c’est-à-dire, qui sont composés par des hommes, & livres divins, qui ont été dictés par la Divinité même. On appelle aussi cette derniere sorte de livres, livres sacrés ou inspirés. Voyez RÉVÉLATION, INSPIRATION.
Les Mahométans comptent cent quatre livres divins, dictés ou donnés par Dieu lui-même à ses prophetes, savoir dix à Adam, cinquante à Seth, trente à Enoch, dix à Abraham, un à Moïse, savoir le Pentateuque tel qu’il étoit avant que les Juifs & les Chrétiens l’eussent corrompu ; un à Jesus-Christ, & c’est l’Evangile ; à David un, qui comprend les Pseaumes ; & un à Mahomet, savoir l’alcoran : quiconque parmi eux rejette ces livres soit en tout soit en partie, même un verset ou un mot, est regardé comme infidele. Ils comptent pour marque de la divinité d’un livre, quand Dieu parle lui-même & non quand d’autres parlent de Dieu à la troisieme personne, comme cela se rencontre dans nos livres de l’ancien & du nouveau Testament, qu’ils rejettent comme des compositions purement humaines, ou du moins fort altérées. Voyez Reland de relig. Mahomet. liv. I. c. iv. pag. 21. & suiv. Isem. ibid. liv. II. § ; 26. pag. 231.
[...]
Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert, 1751 — 1772.
Article livre, tome IX, pages 601 et suiv., décembre 1765, donné d'après l'original de la première Édition, excepté pour la transcription des f en s ... dans le but de faciliter la lecture ...
Article livre, tome IX, pages 601 et suiv., décembre 1765, donné d'après l'original de la première Édition, excepté pour la transcription des f en s ... dans le but de faciliter la lecture ...
(À suivre ...)
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